Un (nouveau) scandale qui dépasse toute imagination secoue, depuis vendredi soir, la Confédération africaine de football (CAF). En effet, sa seconde compétition majeure après la Coupe d'Afrique des nations, à savoir la Ligue des champions, a été éclaboussée par un inimaginable scénario en pleine finale retour, ES Tunis-WA Casablanca qui n'est pas allée à son terme par la faute de la vidéo assistance referee (VAR)… qui était en panne au moment où le WAC a marqué un but, valable selon les Marocains et les observateurs, et que malheureusement l'arbitre gambien Bakary Gassama n'a pu vérifier parce que l'outil technologique était hors service. Cela a fait désordre. Les Marocains s'estimant lésés ont refusé de reprendre le jeu avant que la VAR se prononce sur la validité, ou non, du but égalisateur. Il s'en est suivi d'interminables palabres sur le terrain et autour entre les officiels de la CAF et des deux clubs. Le président de la Confédération, le Malgache Ahmad Ahmad, était sur le terrain en compagnie de ses collaborateurs pour tenter de dénouer la situation. Les Marocains n'ont pas cédé. Le VAR ou rien. Après une attente qui a duré plus de 90 minutes, le temps d'un match, vendredi s'est écoulé et samedi commençait à égrener ses premiers instants. Les règlements en la matière précisent qu'aucun match ne peut aller au-delà de minuit. Et minuit était largement dépassé. Le match s'est donc arrêté dans la confusion totale. La CAF a déclaré l'ES Tunis champion et accusé le WAC d'avoir refusé de reprendre le jeu. Le président du club marocain, Saïd Naciri, a rapidement réagi en réfutant la thèse avancée par la CAF et menacé de recourir au TAS et à la FIFA. Il a dit : «Le WAC ne s'est pas retiré, il a tout simplement exigé le recours au VAR pour vérifier si le but (du WAC) était valable ou pas. C'est notre droit. Que le VAR était défectueux, ce n'est pas notre problème.» Ahmad Ahmad dans l'œil du cyclone Pour rappel, au match aller (1-1) disputé à Casablanca, le club marocain s'était plaint de l'arbitrage de l'Egyptien Gehad Grisha, qui lui a refusé un but valable, comme l'a reconnu la CAF par la suite en suspendant pour une période de 6 mois le referee égyptien. Au retour, c'est le même calvaire avec cette fois l'arbitre Bakary Gassama qui, il y a juste un an, avait grandement contribué au complot dressé contre l'arbitre algérien Mehdi Abid Charef. C'est beaucoup pour une seule équipe. De nombreuses voix en Afrique s'élèvent pour dénoncer «la gestion de l'arbitrage africain». Le président de la CAF, Ahmad Ahmad, est dans l'œil du cyclone. Il concentre sur lui de virulentes critiques. Au bout de la soirée cauchemardesque de Tunis, le président Ahmad Ahmad a convoqué pour le 4 juin prochain un comité d'urgence pour se pencher sur ce dossier brûlant. Ce malheureux épisode vient ternir encore une fois l'image de l'arbitrage et n'ajoute rien à la gloire du football africain une fois de plus humilié aux yeux du monde. Il ne fait aucun doute que le 4 juin la CAF confirmera le sacre de l'ES Tunis, prononcera la suspension du WAC de toutes compétitions de la CAF pour au moins un an assortie d'une lourde amende financière. Elle s'appuiera sur le chapitre réglementaire pour justifier les décisions qu'elle prendra. Les décisions pourront faire l'objet d'une réclamation de la part du WAC, qui fondera sa défense sur l'absence du VAR alors que ce dernier fait partie des éléments à réunir obligatoirement depuis que la CAF a accepté de s'aligner sur la FIFA en la matière. Cette «histoire» fait désordre et remet sur la table la question du maintien du président à son poste. Mercredi à Paris, lors du congrès qui devrait reconduire Gianni Infantino pour un second mandat à la tête de la FIFA, la finale retour de la Ligue des champions africaine sera sur toutes les lèvres tant le scandale de Tunis a dépassé les frontières du continent. Gianni Infantino sera le premier gêné par cette affaire. Il s'est impliqué directement dans l'élection du président de la CAF il y a deux ans. La procédure ouverte contre lui à ce sujet va-t-elle rebondir ? Les partenaires et sponsors de la CAF ont peu apprécié le scandale de Radés et le manque de professionnalisme de la CAF, illustré par les événements de vendredi soir.