La justice indienne n'a montré aucune clémence envers le seul survivant du commando islamiste qui a ensanglanté la ville de Bombay en 2008, faisant 166 victimes. Le jeune Pakistanais Ajmal Kasab a été condamné à mort par pendaison, hier, par un tribunal spécial de Bombay. Les autorités indiennes ont tenu à faire du procès contre le seul terroriste capturé -les autres neuf ayant été abattus lors de l'assaut donné par les forces de sécurité contre les objectifs occupés par les terroristes- un procès contre le voisin ennemi, le Pakistan. Et c'est Mohamed Ajmal Amir Kasab, qui a dû affronter, seul, un procès initié en avril 2009, très suivi par l'opinion public indienne. L'accusé aurait reconnu avoir participé à l'opération pour ensuite se rétracter en juillet et nier toute implication dans l'attaque spectaculaire qui avait tenu la capitale économique du pays sous la terreur pendant trois jours. Deux hôtels de luxe, un restaurant, la gare centrale de Bombay et un centre juif, avaient été pris pour cibles par des attaques armées, et des touristes pris en otages, le 26 novembre 2008. L'Inde avait dès le début pointé du doigt son voisin rival, accusant ses services secrets d'avoir coordonné les attentats à partir du Pakistan. Accusé d'appartenir à l'organisation islamiste radicale pakistanaise Askar-e-Taiba (l'armée des pieux), Kasab a été reconnu l'un des responsables de l'attaque qui a visé la gare faisant 52 morts. Le réquisitoire du juge l'a accablé de pas moins de 86 chefs d'inculpation dont la plupart ont été retenus contre lui par le parquet, considéré particulièrement dur par la défense. Le procureur du tribunal spécial qui a siégé dans une prison de Bombay, a définit Kasab comme « agent du diable, une honte pour toute l'espèce humaine ». Connu pour être un fervent défenseur de la peine capitale, le procureur Ujjwal Nikam, a choqué par ses propos adressés à l'inculpé. La défense a tenté de plaider, sans succès, l'état de forte altération mentale dans lequel se serait trouvé le jeune pakistanais, sous l'emprise de l'influence du groupe radical Askar-e-Taiba. Le juge, rejetant toute circonstance atténuante, a condamné, hier, Kasab trois fois à la peine capitale et cinq fois à la prison à perpétuité pour « crimes de guerre contre l'Inde, complot, terrorisme et meurtre ». Fermeté Blessée dans sa souveraineté, l'Inde qui n'avait pas hésité à geler ses relations diplomatiques avec son voisin, le Pakistan, au lendemain des attentats de 2008, se devait de montrer une fermeté avec le seul survivant à ce que les Indiens appellent leur « 11 septembre ». Ajmal, qui avait paru durant tout le procès absent, comme si l'évènement ne le concernait pas, s'est effondré en pleurs, après la lecture du verdict. La condamnation devra être validée par la Cour d'appel et la Cour suprême. L'Inde, qui demeure la seule démocratie au monde, aux côtés des USA et du Japon, à pratiquer encore la peine de mort, a connu la dernière exécution de la peine capitale en 2004.