Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) interpelle le ministre de l'Intérieur au sujet des enlèvements répétés de personnes dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans une interpellation écrite, dont nous détenons une copie, adressée à Yazid Zerhouni, le Dr Mahmoud Boudarène, député de Tizi Ouzou, déplore le fait que ni les services de sécurité ni la justice ne soient saisis de ces affaires. « La Kabylie vit depuis maintenant plusieurs années au rythme des enlèvements de personnes et des demandes de rançon, sans que l'Etat algérien manifeste sa présence auprès des victimes et la volonté d'y mettre fin. Un climat d'insécurité qui a provoqué le départ de la région de la majorité des investisseurs et des opérateurs économiques et qui décourage, bien sûr, la venue de ceux qui souhaiteraient y installer leurs entreprises. Une situation qui grève lourdement la vie économique de la région et qui accentue la pauvreté et le chômage. Un bassin de l'emploi quasi absent et un taux de chômage qui atteint, selon les chiffres officiels, le double de la moyenne nationale », écrit le député du RCD. Adandon Il ajoute : « Il y a eu plus d'une quinzaine d'enlèvements dans notre région, avec demande de rançon. Le silence des autorités devant ce nouveau malheur qui frappe la population a fait naître chez cette dernière le sentiment d'être abandonnée ». « Les services de sécurité et de justice ne se sont pas saisis de ces affaires - ce qu'ils auraient dû faire, s'autosaisir, même en l'absence de plainte dûment déposée par les victimes - et il n'y a eu ni enquête de police ni enquête judiciaire. Les victimes ont été à chaque fois abandonnées et les familles ont dû négocier seules, face aux ravisseurs, le sort de la personne enlevée », dénonce le député. Pour ce dernier, cela dénote d'« une apparente indifférence des pouvoirs publics face à la détresse des familles et à l'insécurité dans laquelle vivent au quotidien les citoyens. Ce qui n'a pas manqué d'inquiéter et de donner libre cours à toutes sortes de spéculations. Ce qui a amené également, et c'est un dommage pour la crédibilité de l'Etat, la population à se prendre en charge et à lutter seule, pour l'instant pacifiquement, contre ce nouveau fléau qui gangrène la région. » Cette « absence de l'Etat » estime le docteur Boudarène « conforte les individus responsables de ces actes dans la poursuite de leurs forfaits et qui donne des idées à ceux qui voudraient faire de même. Et pour cause, voilà une activité qui rapporte des sommes colossales dans l'impunité la plus totale ».