Evocation / Le mausolée de Sidi Ben Ali et le cimetière des Deux Princesses Une randonnée à travers la vieille citadelle de La Casbah suscite des émotions, ravive des souvenirs et ne peut exonérer d'une déception profonde. Le symbole d'une certaine idée de la ville d'Alger maintient en dépit des aléas un indicible désir de la permanence, d'une pérennité que l'on souhaite même si elle relève de l'utopie. Mais le propos n'est pas là. Je voudrais rappeler à l'occasion cette exquise floraison de mosquées, mausolées, zaouïas que l'on retrouve à La Casbah. La croyance populaire attribue des dons, des mérites, des faveurs à tous ces saints personnages, théologiens, marabouts, mystiques, sages dépositaires de la bénédiction divine. On honore leur mémoire, on leur voue une espèce de dévotion, de vénération. Bien sûr, il y a ces incontournables traits de légende, cette intention à enjoliver, à blasonner. N'empêche que la ferveur est réelle. Dans cet écrit, je tente d'évoquer pour le lecteur un mausolée, celui de Sidi Ben Ali et le cimetière des Deux Princesses. Ce lieu est connu. Il constituait une halte obligatoire pour tous les touristes et les visiteurs de passage. Cet endroit semblait provoquer un engouement manifeste, une curiosité vive, voire une passion parce qu'il évoque un mélange de mysticisme, de romantisme et de religieux. La nécropole se trouve à la rue N'fissa, en plein centre de La Casbah. Elle comprend, évidemment, le tombeau du Sidi Ahmed Ben Ali. Tout près, ont été inhumées deux filles de Hassan Pacha. Les stèles funéraires des tombes des Deux Princesses portent des inscriptions. Ce sont les suivantes : « Voici le tombeau de Fatma Bent Hassan Bey », « Voici le tombeau de celle qui est en possession de la miséricorde divine : N'Fissa, fille de Hassan Pacha. » Il faut dire que d'autres tombes subsistent dans ce mausolée ainsi que de vieux figuiers qui confèrent un charme bucolique au lieu. Pour l'histoire, il faut rappeler que ce mausolée, très visité par les touristes, naguère, a subi, surtout après l'indépendance, une certaine forme de déclin, de désuètude. Petit gamin, je garde le souvenir d'un humble imam qui continuait encore à enseigner le Saint Coran aux enfants. On y accomplissait aussi les prières quotidiennes. Les visiteurs ont cessé d'affluer vers cet endroit, le plongeant dans un regrettable oubli.