La célébration du Mois du patrimoine a choisi pour cadre le pittoresque fort de La Casbah. C'est dans ce monumental vestige almohade, édifié dans la deuxième moitié du XIIe siècle, qu'un programme concocté conjointement par le Comité des fêtes de la ville et l'association Citadelle Casbah tient l'affiche depuis le 18 avril. Expositions de réalisations artistiques, peintures et miniatures, joaillerie locale, calligraphie, expositions de pages de l'histoire de Béjaïa et conférences sur l'histoire de la ville et son apport à la science, sur Ibn Khaldoun, l'occupant le plus émérite des lieux… Somme toute, le programme est relativement modeste si l'on se réfère à l'impressionnante dénomination de la manifestation. Côté public, cette dernière est en train de passer presque inaperçue. Le patrimoine matériel et immatériel d'une cité trois fois millénaire mérite une promotion publicitaire et un programme à la hauteur. Pour Citadelle Casbah, qui s'est donné pour mission la sauvegarde du patrimoine historique et culturel de la ville de Béjaïa, « ce ne sont pas les idées qui ont manqué » dans la réflexion qui a précédé la manifestation, mais le socle institutionnel qui « a fait défaut ». Malek Djellouli, animateur de l'association, aurait souhaité que l'événement fût institutionnalisé et couvert par un budget sérieux, une logistique humaine et matérielle conséquente et appropriée. Le clou de la célébration aura été incontestablement la cérémonie d'inauguration de la statue d'Ibn Khaldoun, siégeant de manière olympienne à l'entrée de La Casbah. Le projet est né en 2006, lors de la commémoration organisée par la direction de la culture et l'association scientifique et culturelle Gehimab. Une enveloppe financière avait alors été consentie par l'APW. Le monument, exécuté d'une main de maître dans les ateliers de l'artiste sculpteur Khodir Bourihane, constitue la goutte qui aura, un tant soit peu, revalorisé un fort livré aux chardons et au délabrement. Le buste est fait d'un composite armé auquel il a été donné un aspect de bronze. La placette, ayant accueilli le monument, a été de même réaménagée. L'artiste a réalisé un dallage avec de la brique pleine d'époque dans un style d'agencement copié sur la configuration almohade. Les travaux, notons-le, ont pris en tout 4 mois, après une réflexion qui aura duré 3 ans.