Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La célébration du Mois du patrimoine a été particulière cette année à Béjaïa. L'événement, contrairement aux rendez-vous précédents, a été marqué cette fois par une implication appréciable du mouvement associatif et des populations locales. Les programmes d'activités concoctés à l'occasion ont évidemment suscité l'intérêt et l'engouement de nombreux citoyens, un peu partout à travers le territoire de la wilaya. Les associations et les collectifs culturels se sont saisis de l'occasion pour mettre l'accent sur les multiples facettes de l'héritage historique et civilisationnel de la région. Le thème, il est vrai, motive, ces derniers temps, de larges couches sociales. Les nostalgiques des temps anciens, les curieux parmi les étudiants et les férus d'histoire, les culturalistes très friands de ce genre de choses, chacun y trouve son compte. L'association «Citadelle Casbah», qui milite pour la sauvegarde et la restauration de l'antique cité almohade, a ouvert le bal par l'érection d'une statue d'Ibn Khaldoun à l'entrée de cette forteresse qui surplombe le port. Des expositions artistiques et des communications thématiques ont accompagné l'inauguration de ce monument. A El Kseur, l'association «Patrimoine et identité» a également élaboré un riche programme d'activités culturelles et artistiques pour appeler à la sauvegarde et à la valorisation du site romain de Tiklat. Gehimab (groupe d'études sur l'histoire des mathématiques à Béjaïa) a organisé un colloque sur Sidi Yahia Al Aydli, l'un des savants qui ont fait la réputation de la capitale des Hammadites durant le XIIIe siècle. Ce groupe avait célébré par le passé de nombreuses autres personnalités historiques comme Ibn Khaldoun, El Waghlissi, El Ouartilani, Aheddad, El Mokrani, El Mouhoub et tant d'autres encore. Scientifiques et lettrés, religieux et grands mystiques, hommes de culture et de résistance : Gehimab œuvre depuis sa création au début des années 1990 à dépoussiérer cette mémoire «savante» de la région. La fondation Cheikh Aheddad de Seddouk a également marqué l'événement par des expositions et des conférences sur le patrimoine matériel et immatériel de la région de la Soummam. Même dans les petites communes, les activistes de la culture ont initié des actions originales consacrées à des sujets comme l'artisanat local, les savoirs séculiers, les traditions culinaires, les contes et les poèmes anciens. Les festivités officielles, dédiées à la commémoration du 500ème anniversaire de la fondation du royaume indépendant des Ath Abbas, ont aussi éveillé l'intérêt des habitants de la région. Les pouvoirs publics ont dévoilé à l'occasion un ambitieux projet de restauration du site. Une enveloppe de 800 millions de centimes a été, en effet, dégagée pour «retapé» nombre d'édifices comme la madrasa (école coranique), le mausolée du sultan Ahmed ben Abderrahmane, le mausolée de cheikh Mokrani (héros de la révolte de 1871) et la grande mosquée de cette citadelle montagneuse.Pour conclure, notons encore une fois l'implication active du tissu associatif et des citoyens qui a fortement caractérisé cette fois la célébration du mois du patrimoine. C'est incontestablement le fait marquant de cette édition 2010.