Les Soudanais observent depuis hier une désobéissance civile pour obliger la junte militaire, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhan, à remettre les clefs du pouvoir à un gouvernement civil. Les chefs de la contestation ont averti qu'elle ne s'arrêterait qu'une fois qu'ils auront gain de cause. «La désobéissance civile et la grève générale sont nos moyens pacifiques pour arracher notre droit à la vie face à la barbarie des milices», a déclaré l'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation, dans un communiqué. Les manifestants accusent les paramilitaires des RSF d'être à l'origine de la dispersion du campement au centre de Khartoum, occupé par des milliers de Soudanais depuis le 6 avril. La répression enclenchée depuis ce jour-là a fait 115 morts, selon des médecins proches du mouvement. Seulement 61, selon le gouvernement. Dans les jours qui ont suivi, des patrouilles d'hommes armés ont continué à sillonner la ville, les habitants évoquant un climat de «terreur». Hier, plusieurs véhicules des RSF, équipés de mitrailleuses, patrouillaient encore dans la capitale soudanaise. Après une tentative de médiation du Premier ministre éthiopien vendredi à Khartoum, les meneurs de la protestation ont déclaré envisager de continuer, sous conditions, les discussions avec le Conseil militaire de transition. Les pourparlers sont suspendus depuis le 20 mai, les deux parties ne parvenant pas à trouver un accord sur la présidence et la composition du Conseil souverain, censé gérer la période de transition pendant trois ans. Mais, à l'issue de leur rencontre avec Abiy Ahmed, plusieurs représentants de la contestation ont été arrêtés. Ce qui a compromis toute idée de reprise du dialogue. R. I.