Dans la soirée de mercredi dernier, la cimenterie Lafarge de M'sila a repris ses activités après une grève de 7 jours enclenchée le 5 mai dernier par les 630 travailleurs. Cette reprise résulte de l'accord signé entre la direction de Lafarge et la section syndicale de l'usine, mercredi dernier, après une longue journée de pourparlers sous l'égide des autorités de la wilaya. Les termes de l'accord s'articulent autour de l'annulation des décisions de suspension qui frappaient les trois syndicalistes dont le chef de la section syndicale, Amar Belfoul, le retrait des affaires pendantes au niveau de la justice et le lancement de négociations dans les dix prochains jours sur une nouvelle convention collective. La direction de l'usine, qui a fait de l'exclusion des trois syndicalistes la condition sine qua non pour l'entrée en négociations avec les travailleurs, a dû renoncer à cette exigence apparente, mais également à celle qui était projetée en arrière-plan, celle de ne négocier qu'avec une nouvelle section syndicale plus « responsable ». Cette perspective de nouveau syndicat n'était envisageable, nous a-t-on expliqué, sans l'accord préalable de l'union de wilaya UGTA, et la complaisance de l'inspection du Travail, qui a été, faut-il le souligner, à l'origine de ce conflit. L'inspection du Travail avait refusé d'établir le PV de non-conciliation après le refus de la direction de l'usine d'assister à la réunion du 25 avril dernier à laquelle étaient conviées les deux parties. La direction a dû également inscrire sur le compte des pertes et profits la valeur des pertes enregistrées durant cette grève, qui ont atteint les 100 000 tonnes, soit l'équivalent de 5 600 000 euros. En tout cas, selon des travailleurs qui ont exercé depuis plusieurs années dans cette usine, aussi bien avec Orascom qu'avec Lafarge, cet accord ne traite que superficiellement le problème. « On ne sait plus qui gère cette usine, Orascom ou Lafarge, tant les choses n'ont pas changé. L'avènement de Lafarge n'a rien apporté de nouveau en matière de gestion, et le mode opératoire égyptien de type féodal est toujours de mise », témoignent les travailleurs.