Après plus de cinq heures de négociation, en présence des représentants des ouvriers, du P/APC de Hammam Dalâa, de l'inspecteur du travail et de la direction de l'usine, la situation n'a pas évolué d'un iota au niveau de la cimenterie. Bien au contraire. Les syndicalistes ont mis dehors, avant-hier soir, les cadres de l'usine sans les agresser. Selon le représentant des ouvriers, M. Aziz Djellal, qui a assisté aux négociations, la direction refuse de réintégrer les trois syndicalistes et les deux ouvriers limogés avant d'entamer les discussions sur la convention collective. “Ils nous ont dit qu'ils sont les propriétaires de l'usine et ils sont libres d'engager ou de limoger un employé”, dira le syndicaliste, en ajoutant que “nous sommes en Algérie, politiquement on ne connaît pas Lafarge, mais ACC”. Pour ce syndicaliste, “le recours systématique aux tribunaux montre que la direction de l'usine ne veut pas d'un dénouement de la crise. Ce sont les ouvriers qui ont décidé démocratiquement de la grève et c'est à eux que revient la décision de la suspendre, d'autant plus que nous avons respecté la procédure”. Pour les grévistes, pas question de céder devant les menaces. Hier, toute l'usine était fermée. Seul un dispositif monté par les grévistes pour assurer la garde et la sécurité de l'unité a été mis en place. Pour rappel, le tribunal de Hammam Dalaâ, saisi par la direction de la cimenterie Lafarge, dimanche dernier, a ordonné l'arrêt de ce mouvement enclenché le 5 mai dernier par les 630 travailleurs de l'usine. Mais pour les grévistes une question mérite d'être posée. Le juge en référé est-il habilité à juger de l'illégalité d'une grève ? “À partir du moment où le syndicat a respecté la procédure réglementaire, à savoir le dépôt d'un préavis de grève et la prise de la décision par le collectif des travailleurs dans des assemblées générales, la grève est légale du point de vue de la loi. Elle est conforme au droit de grève”, dira notre interlocuteur. “On a déposé un recours auprès du tribunal de Hammam Dalâa et on attend le jugement”, ajoute le représentant des grévistes. Les grévistes sont déterminés à poursuivre le mouvement de contestation “advienne que pourra”. Tant que les revendications ne sont pas satisfaites “le mouvement de grève ne s'arrêtera pas et ce n'est pas sur décision de justice que se traitent les conflits sociaux”, a martelé Azziz Djellal. Hier, en début d'après-midi, les représentants des ouvriers grévistes ont été reçus par le wali de M'sila. Selon les syndicalistes, le wali a exigé l'ouverture de l'usine dans les plus brefs délais et l'ouverture des négociations avec la section syndicale de l'UGTA.