Le mouvement de protestation enclenché à la cimenterie Lafarge de Hammam Dalaâ, (M'sila) depuis le 5 du mois courant, vient de prendre une nouvelle tournure. Puisqu'au moment où l'usine de ciment de Hammam Dalaâ, rachetée en 2008 par le groupe français Lafarge, a progressivement recommencé à fonctionner, un groupe de travailleurs a investi, dans la soirée d'avant-hier, la cimenterie, en faisant sortir les cadres et autres de l'usine. La cimenterie est de nouveau paralysée. Selon le directeur général de l'usine Lafarge, M. Luc Callebat, joint hier par téléphone, “une cinquantaine d'ouvriers ont occupé de force les lieux et ont fait sortir les cadres de la société. Ces travailleurs ont empêché leurs collègues et autres de continuer à leurs missions, alors que quelques fours et la carrière ont recommencé à fonctionner. Evidemment, du moment qu'il s'agit d'une industrie lourde, il faudra un peu de temps pour voir toutes les machines fonctionner de nouveau normalement”. Et d'ajouter : “Une minorité a empêché les travailleurs de reprendre leurs postes. Et du coup, la chaîne de production est ainsi interrompue.” Cette situation pèsera sans aucun doute, sur le marché du ciment qui connaît ces derniers temps une tension sans précédent. Alors que le prix d'un quintal de ciment, sur le marché de la spéculation, dépasse tout entendement. La paralysie d'une telle usine de production de ciment influera sur l'approvisionnement des chantiers du bâtiment et la construction de grands ouvrages. S'agissant des pertes sèches occasionnées par ce mouvement de débrayage au groupe Lafarge, notre interlocuteur a préféré adopter le langage des retards qu'accuseront les grands chantiers algériens lancés par-ci, par-là. “La cimenterie de Hammam Dalaâ produit chaque jour une quantité suffisante à bâtir 1 000 logements”. À cet effet, M. Luc Callebat a affiché sa grande disponibilité à entamer un dialogue mais dans le strict respect de la législation algérienne. “Nous sommes ouverts au dialogue dans le cadre de la loi algérienne”. Abordant la genèse de ce conflit entre la direction et le syndicat des travailleurs, le directeur général de la cimenterie de Hammam Dalaâ a retracé les faits. “Le dimanche 9 mai, la juge saisie en référé du tribunal de Hammam Dalaâ a rendu son verdict stipulant l'arrêt immédiat de la grève”. Cette décision de justice qui n'a pas été du goût des grévistes a été à l'origine des événements qui ont ponctué la soirée d'avant-hier. Interrogé sur les expatriés travaillant à la cimenterie Lafarge Algérie, notre interlocuteur a indiqué que “le nombre d'expatriés travaillant à l'usine de ciment de Hammam Dalaâ représente moins de 4 % de l'ensemble des employés de la cimenterie. Nous recrutons les employés suivant le critère de compétence et non pas de nationalité. Au total, on en compte une dizaine”. Il faut savoir enfin que la cimenterie Lafarge Algérie emploie, selon Luc Callebat, 1 850 travailleurs. Il faudrait multiplier par cinq ce chiffre pour avoir le nombre des emplois indirects.