Interrogé, hier, à propos du problème de la régulation du marché des viandes rouges, le ministre l'Agriculture et du Développement rural a énuméré les efforts de son département pour organiser la filière et agir sur les prix tout en reconnaissant qu'il y a « un problème d'organisation du secteur », dont tous les éléments, semble-t-il dire, ne sont pas détenus par la tutelle. « N'oubliez pas qu'il y a des privés qui interviennent dans le circuit et le ministère n'est là que pour pousser à l'organisation et tenter de réguler le marché », tiendra-t-il à dire lors d'une conférence de presse organisée en marge du 10e Salon international de l'élevage et du machinisme agricole qui se tient à la Safex. L'allusion est à peine voilée, à notre sens, à tous les intermédiaires qui font leur business sur certaines étapes du parcours du cheptel depuis les élevages des Hauts-Plateaux jusqu'au consommateur dans les grandes villes. Il faut dire que sur cette question, des « maillons forts » de la chaîne, personne ne met les pieds dans le plat. Tout le monde nous parle des efforts à faire pour tenter de réguler le marché et agir sur les prix, mais aucun professionnel interrogé ne dit un mot clair et tranchant sur « les maux » que subit une filière bien approvisionnée grâce à 21 millions de têtes ovines et 2 millions de têtes bovines, mais où la loi de l'offre et de la demande n'a apparemment aucun droit de cité. Face à nos questions, Rachid Benaïssa consent à dire qu'« une organisation du secteur des viandes rouges est à parfaire ». Et d'ajouter : « Nous avons un problème dans le système d'abattage et dans l'organisation de cet important patrimoine, et nous agirons pour essayer d'améliorer les choses. » « La meilleure preuve, tente d'expliquer le ministre, c'est que dans certaines wilayas de l'intérieur du pays, le kilo de viande tourne autour des 550 à 600 DA, mais c'est vrai que vous la retrouvez à Alger à 850 DA et plus », note M. Benaïssa qui plaidera pour les dispositifs mis en place par son département afin de mieux encadrer une filière classée stratégique par l'Etat. Il citera la création de la Société de gestion des participations des productions animales (SGP Proda), une nouvelle entreprise chargée de la gestion des activités de cette filière et rappellera que 4 centres d'élevage, relevant d'entreprises du portefeuille de cette société, seront rattachés à la nouvelle entreprise. Il citera également la construction par Proda de trois abattoirs modernes, qui seront implantés dans les wilayas d'El Bayadh, Djelfa et Oum El Bouaghi. A propos de l'éventuelle importation de viandes rouges du Soudan, le ministre a voulu taire les rumeurs quant à des problèmes sanitaires qui toucheraient le cheptel. « Les choses marchent normalement », dira le ministre, qui souligne que les conditions sanitaires sont exigées pour tous les pays concernés par les importations de viandes à destination de l'Algérie et que de ce fait, les études des différents dossiers sanitaires sont en cours et que les professionnels en la matière en détermineront la validité.