Région réputée agropastorale, Tiaret a la particularité d'être le berceau du cheval-barbe. L'élevage du mouton est un autre attribut dans la capitale des hauts-plateaux de l'ouest. La reproduction de races locales n'étant pas établie, les éleveurs, pour une croissance rapide du cheptel, recourent à l'engraissement dans les bergeries, quand les pâturages se font rares. Aujourd'hui, les éleveurs louent de grands espaces pour faire paître leurs troupeaux en prenant toujours soin de gaver les bêtes de foin et d'orge, pratique qui se répercute irrémédiablement sur les prix à la consommation, de l'avis de certains éleveurs organisés sous la bannière de l'association des éleveurs Saouss, dans la commune de Sidi Abderrahmane. Le goût de la viande des bêtes élevées sur les grandes étendues n'est pas le même que celui des bêtes élevées dans la bergerie. « ça sent le chih » (entendre l'armoise), se plaisent à déclarer pour se vanter ces quidams. La viande est plus tendre, consistante et ferme. La valeur nutritive de la viande dépend aussi de la race de l'animal, de son âge et des conditions d'élevage. Un élevage qui garde toutes ses caractéristiques, en dépit des aléas climatiques et de la cherté des aliments, principalement l'orge. Le mouton de Sougueur reste même un baromètre des prix pratiqués dans toute l'Oranie et le sud-ouest. Dans ce marché national à bestiaux, des milliers de têtes de mouton transitent par la grande porte sur fond d'un remugle saisissant dès l'abord. Au beau milieu des transactions, des voix s'entremêlent aux coups de ciseaux pour sceller des ventes. On adjuge des agneaux jusqu'à 13 000 DA. Les prix pratiqués sont fonction de l'offre et de la demande. Trop souvent, le prix est conjugué au facteur climatique. Si l'année est bonne du point de vue pluviosité, l'éleveur rechigne à vendre. S'il le fait, le prix sera fatalement élevé donc, avec des répercussions sur la vente au détail. Un responsable de l'association des éleveurs, Saouss, nous a indiqué qu'« il y a d'autres facteurs qui concourent négativement à l'élevage ». Il cite « le vol qui a pris de l'ampleur et la fuite de centaines de têtes vers les frontières ». L'élevage, bien que présent dans les mœurs, n'en continue pas moins de pâtir d'autres aléas. Il y a les plantes alfatières cultivées dans les périmètres de mise en défens qui ne suffisent plus aux bêtes. En outre, 12 des 42 communes de la wilaya de Tiaret sont concernées par le développement de la steppe. Le parc ovin local est estimé officiellement à 1 500 000 têtes. La répercussion de cette situation dans laquelle se sont empêtrés les éleveurs sur les prix de la viande s'avère être une évidence.