La production laitière, premier indice probant de la situation de l'élevage bovin dans la wilaya de Béjaïa, que l'on surnomme à tort ou à raison « bassin laitier », connaît-elle une croissance compte tenu des mesures incitatives mises en place par l'Etat ? Présentement, c'est une moyenne annuelle de 25 millions de litres qui sortent des étables de la région. L'apport du caprin porte timidement ce niveau de production à 27 millions de litres. Celle-ci ne peut prétendre à une réduction notable du recours, dans les huit usines de transformation, à l'usage de la poudre de lait, importée bien évidemment. La couverture par l'apport local se situe à 28% à peine. Peut-on espérer voir les capacités tirées vers le haut si l'on considère les soutiens concédés à la branche par le PNDRA ? Les premiers indicateurs permettent un certain optimisme. La collecte de lait cru est passée de 677 230 l en 2000 à 1 902 323 l, l'année écoulée. Ces chiffres montrent la difficulté de « ramasser » les 25 millions de litres tirés des mamelles des vaches chaque année. Le taux de collecte avoisine tout juste les 10%. Le segment collecte reste donc l'un des maillons faibles de la branche. Les 20 kits, unités mobiles de 500 l, introduits dans la profession par le programme de soutien de l'investissement d'appui à l'exploitation agricole, « programme jeunes investisseurs », s'emploieront, une fois leur rendement optimisé, à collecter 9,2 millions de litres que produiront 4180 vaches laitières sur les 10 600 têtes existantes. Le deuxième aspect de la faiblesse des productions est inhérent à la taille des troupeaux. Sur les 2389 élevages que compte la wilaya, seuls trois peuvent s'enorgueillir de parler de cheptel (l'effectif dépassant les 25 têtes). Le reste des éleveurs, soit quelque 94%, n'ont pour pensionnaires que 2 à 6 têtes. La faible taille des troupeaux s'explique, en premier lieu, par la particularité du relief des zones d'élevage. Il est à 80 % montagneux. Mais « la conduite de l'élevage dans un modèle archaïque qui ne peut assimiler les pratiques cohérentes telles que la gestion moderne d'un troupeau, les schémas de reproduction et le renouvellement du cheptel », lit-on dans la synthèse des travaux, est l'autre paramètre constituant la contrainte à une croissance de la taille des cheptels. Collecte insuffisante Par ailleurs, l'offre fourragère ne couvre que 65% des besoins du cheptel actuel. Le déficit réside dans la faiblesse des rendements à l'hectare mais, ceci allant avec cela, la taille des troupeaux n'encourage pas l'extension des surfaces cultivées. Avec 17 500 ha de fourrages cultivés dont seulement 40 ha en vert, 30 000 ha de pacages et parcours du reste en partage avec les autres espèces de gros élevages, le mode d'élevage est en hors sol. Les atouts d'un décollage de la branche existent, à la lumière du constat dressé dans les différentes communications des journées techniques sus-citées : un potentiel animal déjà existant, et issu de races modernes et améliorées, des données bioclimatiques, une infrastructure d'élevage et un foncier favorables à l'extension de l'élevage laitier et les cultures fourragères, puis la proximité de la disponibilité du client (les unités de transformation). En outre, s'imposent la nécessité de s'organiser en coopérative, l'inscription au registre national professionnel, l'adhésion à l'association des éleveurs qui constitue un cadre organique de concertation, et la souscription aux assurances. Les recommandations incluent des initiatives au partenariat, la valorisation des produits pouvant être incorporés dans l'élevage bovin (tel le grignon d'olive). Une conduite des troupeaux plus rationnelle exige l'initiation des éleveurs aux nouvelles techniques de reproduction. Est attendu aussi un encouragement des créneaux d'appui (machinisme, collecte, désinfection des locaux, ensilage,...). Une adhésion au FNDRA (15% seulement actuellement) relancerait ce dernier segment, selon les techniciens. On préconise enfin une révision des barèmes de soutien ; soit une consolidation du soutien à la production et à la collecte du lait cru, plutôt que d'augmenter le prix du lait et une indemnisation du fonds. L'essor est donc possible. L'exemple nous vient de cet éleveur de Beni Maouche, M. Alaouchiche, propriétaire d'une ferme de 82 ha, dont les étables abritent 200 têtes bovines lui fournissant une production laitière avoisinant les 5000 l/j.