Il est près de 8h30 dans une gare de la banlieue est d'Alger. Aux guichets et sur les quais, quelques dizaines de personnes attendent l'entrée en gare de l'automotrice. D'ordinaire, cette desserte connaît un engouement tel que les wagons s'en trouvent vite bondés. Il est donc indéniable que la grève observée huit jours durant par les employés de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) a laissé ses traces, en sus des quelque 7 à 8 millions de dinars de manque à gagner quotidien. Par manque d'information ou par crainte de voir les cheminots renouer avec la grève, nombres d'habitués des rails ont maintenu le « plan B » adopté à l'entame du débrayage. D'autres ont toutefois « tenté leur chance », à l'instar de cet étudiant, qui, « de passage, a juste jeté un coup d'œil pour voir si la SNTF était toujours en grève ». Et c'est avec un soulagement non feint, qu'hier matin, les usagers ont pu réemprunter l'un des premiers trains à circuler sur cette ligne depuis plus d'une semaine. L'annonce de la reprise, mais aussi et surtout sa confirmation, circulant en début de matinée, la poignée de voyageurs a vite fait de se transformer, au fil des heures, en la foule habituelle. « Il est vrai que durant les premières heures de la journée, la fréquentation était moindre, ce qui, du reste, est des plus compréhensible », explique le porte-parole de la cellule de crise, lui-même chef de gare. D'autant plus que, selon lui, quelques perturbations sur le réseau ont pu être enregistrées à la reprise. « A Annaba par exemple, les activités ont eu du mal à redémarrer, faute de relais de la fin de la grève. Les principaux syndicalistes se trouvaient à Alger, et le personnel local n'a pris connaissance du communiqué que tardivement », explique-t-il. « Mais, en dehors de ces quelques contretemps, la reprise est totale », poursuit-il, satisfait. Et les cheminots ont de quoi se réjouir, tant ils n'ont pas démérité. En dépit des nombreux écueils et une fin de non-recevoir opposée par la direction de la SNTF ou le ministère de tutelle, ils ont poursuivi leur mouvement de protestation jusqu'à arracher ce qu'ils estiment être un acquis non négociable. Le protocole d'accord signé Il aura donc fallu qu'un communiqué de la direction de la SNTF parvienne aux grévistes dans la soirée de dimanche pour les faire revenir à de meilleurs sentiments. Cet engagement formel assure que des négociations seront entamées sur la base de l'application de l'article 52 de la convention collective. D'ailleurs, une réunion s'est déroulée, durant la journée d'hier, entre la direction générale, la direction des ressources humaines ainsi que les membres du bureau de la Fédération nationale des cheminots (FNC). A son terme, un protocole d'accord a été signé, il porte essentiellement sur l'application dudit article 52. « Ce point stipule l'alignement des plus bas salaires de base sur le SNMG », affirme M. Dakhli, directeur des ressources humaines. Ce qui implique l'instauration d'une nouvelle grille salariale pour l'ensemble du personnel de la SNTF, soit quelque 10 000 travailleurs. « L'augmentation est conséquente, puisque la moyenne globale de majoration est de 20% », assure M. Dakhli. « Cette mesure sera appliquée à compter de ce mois de mai 2010, avec un effet rétroactif à janvier 2010, qui sera versé au courant de l'année en cours », déclare-t-il. Par ailleurs, ce protocole d'accord comporte l'intégration d'une revalorisation de plusieurs primes et indemnités. « Les primes de transport, de salaire unique ainsi que celle de rendement kilométrique seront majorées. En sus, la gratification de fin de carrière connaîtra elle aussi une bonification », précise la direction de la SNTF.