Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a présenté hier devant la commission économique, développement industriel, commerce et planification, présidée par Zoubida Kharbache, du Parti des travailleurs à l'Assemblée populaire nationale, un exposé sur la situation économique nationale à l'ombre des mutations économiques à travers le monde. Le ministre a révélé, à l'occasion, un chiffre que certains parlementaires qualifient de douteux, alors que d'autres députés estiment que les données avancées par le ministre démontrent l'échec de l'économie algérienne. Pour le ministre du secteur, les secousses auxquelles a été confrontée l'économie mondiale à la suite de la crise financière 2007-2008 n'ont pas eu un impact majeur sur le commerce extérieur de l'Algérie. Pourquoi ? M. Djaâboub a justifié cela par le fait que le gouvernement algérien a poursuivi la mise en œuvre du programme de relance économique auquel 150 milliards de dollars ont été consacrés, dont 70% transférés à l'étranger pour l'acquisition d'outils de production, d'équipements et de services, et ce, dans le but de concrétiser le programme en question. Certains députés pensent en effet que ce chiffre est énorme face aux maigres résultats réalisés sur le terrain. « Est-ce normal de consacrer autant d'argent pour qu'en fin de compte on exporte hors hydrocarbures qu'une valeur de 330 millions de dollars ? Les statistiques avancées par le ministre sont la preuve par quatre de l'échec de l'économie algérienne. La machine économique est en panne. Il n'y a pas eu de production », a lâché un député, convaincu par ailleurs que les 150 milliards de dollars avancés sont un chiffre douteux, d'autant plus que d'autres organismes économiques algériens ont avancé un tout autre chiffre. Concernant justement la question des exportations, l'Algérie, selon le ministre, a exporté, au premier trimestre 2010, 13 milliards de dollars, dont 330 millions d'exportations hors hydrocarbures. El Hachemi Djaâboub impute le recul des exportations hors hydrocarbures à plusieurs facteurs dont l'interdiction de l'exportation des déchets de fer et des produits alimentaires à base d'aliments subventionnés. Sur ce chapitre, il a reconnu que l'Algérie doit encore fournir de grands efforts pour l'amélioration de ce secteur, et ce, « malgré les moyens fournis par l'Etat en matière d'aide et de prise en charge assurées aux opérateurs dans ce domaine sans omettre les mesures législatives et financières prises pour faire face aux dangers éventuels découlant de l'ouverture économique ». Dans son exposé, le représentant du gouvernement a donné un aperçu général, chiffres à l'appui des réalités du commerce extérieur de l'Algérie. Il a déclaré à cet effet que les importations ont représenté 0,24% du total des importations mondiales. Selon lui, au premier trimestre 2010, les importations de l'Algérie étaient estimées à 9,4 milliards de dollars. Un chiffre appelé, révèle le ministre, à atteindre 32 milliards à la fin de l'année si ce rythme est maintenu. M. Djaâboub a fait remarquer dans ce sillage que le matériel d'équipement vient en tête des importations de l'Algérie avec 3,6 milliards dollars, suivi des produits semi-finis avec 2,7 millions de dollars, puis les produits alimentaires, dont le montant s'élève à 1,7 milliard de dollars et les produits non alimentaires à 1,3 milliard de dollars. M. Djaâboub a indiqué que beaucoup d'efforts sont consentis pour faire face aux éventuels risques dus à l'ouverture économique relevant les mécanismes adoptés par l'Etat pour le soutien du secteur du commerce extérieur. Les membres de la commission ont par ailleurs interrogé le ministre sur les clauses qu'envisage l'Algérie de revoir dans le cadre de l'Accord d'association avec l'Union européenne et les raisons du retard qu'accuse l'Algérie en matière d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.