Dans une lettre adressée au président de la République, au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, l'Union syndicale solidaire (USS) a dénoncé la décision de fermeture de la Maison des syndicats et demande au gouvernement algérien d'annuler cette mesure répressive, prise à la veille du Forum syndical maghrébin. « Notre syndicat entretient des rapports de coopération, d'entraide, de solidarité internationale avec le mouvement syndical autonome d'Algérie. Nous connaissons les conditions très difficiles dans lesquelles ils exercent cette activité syndicale, pourtant essentielle à la démocratie », relèvent les responsables de l'USS. Ces derniers menacent d'agir si le gouvernement ne revient pas sur sa décision. « Si le pouvoir algérien ne répond pas favorablement à notre demande, notre syndicat ne manquera pas de faire connaître cette attitude inacceptable à l'ensemble de ses partenaires syndicaux, afin de renforcer le mouvement de solidarité internationale avec nos camarades des syndicats autonomes », affirment les responsables de l'USS. Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) est revenu lui aussi sur la mise sous scellés de la Maison des syndicats. Son porte-parole,M. Sadali, est persuadé que le pouvoir algérien vient, à travers cette décision, de donner la preuve qu'il s'inscrit en contresens du discours officiel destiné à la consommation externe. De l'avis de Sadali, « l'Algérie est prise en otage par un régime des plus antidémocratique de la planète. Désormais, explique-t-il, le pouvoir ne recule devant rien pour reprendre à la société tout ce qui reste de ce qu'elle a osé ‘'voler'' lors de l'éphémère ouverture démocratique post-Octobre 1988 ». Le chef de file du Satef déplore le fait que l'un des derniers espaces encore libres à Alger vient d'être mis sous scellés par arrêté du wali d'Alger. Tout en constatant que l'intersyndicale autonome de la Fonction publique est ciblée, au moment où des manœuvres ont lieu dans le camps des syndicats autonomes, le Satef dénonce cet acte grave et appelle à la réouverture rapide de la salle. M. Sadali note qu'à chaque fois qu'un espace d'expression est fermé, à chaque fois qu'un maillon de médiation est rompu, c'est une porte qui est ouverte vers le chaos social qui s'annonce de plus en plus imminent. Par ailleurs, le Satef invite les organisations de la société à un sursaut d'orgueil pour défendre ce qui reste des acquis démocratiques et à agir ensemble pour la levée de l'état d'urgence dont le « pouvoir use et abuse pour annihiler les libertés publiques ». Pour sa part, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a fustigé le gouvernement en notant qu'après l'utilisation des tribunaux pour arrêter les grèves et le refus de toute négociation avec les syndicats autonomes, les autorités publiques ont recouru à la fermeture de la maison des syndicats sous prétexte de l'absence d'une autorisation. « La réalité est qu'avec ou sans cette autorisation, toute action syndicale autonome n'est pas autorisée par le pouvoir. Un pouvoir qui veut imposer le syndicat maison qui n'a pas pu durant des mois calmer le front social », explique le Cnapest qui déplore qu'au même moment, les autorités organisent un forum africain sous le thème « Dialogue social et expérience réussie de l'Algérie ».