Alors que le sort du général à la retraite Hocine Benhadid sera tranché le 31 juillet, le cas de Louisa Hanoune, incarcérée depuis le 9 mai dernier par le tribunal militaire de Blida, continue de susciter des inquiétudes aussi bien sur la santé de cette militante politique que sur ses droits à un procès équitable. Le comité national pour sa libération a appelé hier «tous les partis, syndicats, organisations de droits de l'homme et citoyens attachés à la démocratie à exprimer la libération de Louisa Hanoune, Lakhdar Bouregaâ, de tous les détenus d'opinion et l'arrêt immédiat des actes répressifs et liberticides». La question de la libération des détenus politiques et d'opinion ne cesse de faire consensus au sein de la société, et la revendication de leur libération devient de plus en plus insistante. Incarcéré depuis le 12 mai dernier, pour avoir exprimé sa position par rapport à la crise que traverse le pays, le général à la retraite Hocine Benhadid se trouve très mal et son état de santé s'est aggravé en raison de l'échec des deux interventions chirurgicales subies au pavillon pénitentiaire de l'hôpital Mustapha Pacha, à Alger. La chambre d'accusation a enfin programmé pour le 31 juillet l'examen de la demande de mise en liberté. Cela n'est le cas ni pour Lakhdar Bouregaâ, cet ancien officier de la Guerre de Libération emprisonné depuis un mois pour ses opinions, ni pour les manifestants incarcérés pour avoir hissé l'étendard amazigh, et encore moins pour Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs), détenue depuis le 9 mai dernier en raison de ses activités politiques. Hier, le comité national pour la libération de cette militante, qui manque au débat sur l'avenir de la révolte pacifique, a rendu publique une déclaration dans laquelle il a appelé «tous les partis, syndicats, organisations de droits de l'homme, citoyens attachés à la démocratie à exprimer clairement et fermement l'exigence démocratique de libération de Louisa Hanoune, Lakhdar Bouregaâ, de tous les détenus d'opinion et l'arrêt immédiat de tous les actes répressifs et liberticides». Après une réunion de ses membres sous la direction de sa coordinatrice, la moudjahida Zohra Drif, et un long débat sur les actions à entreprendre pour faire libérer les détenus politiques et d'opinion, le comité a constaté «qu'au moment où le régime en place parle de dialogue, il mène une politique répressive contre tous ceux et toutes celles qui réclament son départ, jette en prison sous divers prétextes des dizaines de citoyens pour délit d'opinion, ferme médias et espaces de débat à toutes les voix qui le contrarient». Le comité a «pris acte du rejet des demandes de mise en liberté de Louisa Hanoune, du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et d'une soixantaine de jeunes manifestants, dont le grand nombre pour avoir arboré l'emblème de l'amazighité. La criminalisation de l'action politique, le délit d'opinion constituent une grave dérive antidémocratique et ouvrent la voie à tous les dérapages». «A ceux et celles qui ne se sont pas encore exprimés sur ces atteintes intolérables au multipartisme, à la liberté d'expression et de manifestation, a écrit le comité, nous disons : manifestez-vous ! Agissons ensemble par tous les moyens de la démocratie, car à travers l'injustice que subissent un responsable d'un parti politique, un moudjahid et des jeunes, c'est la révolution du 22 février qui est attaquée, qu'on veut faire avorter.» A la fin de cette déclaration, le comité a appelé à exiger la liberté pour Louisa Hanoune, pour Lakhdar Bouregaâ, moudjahid et cofondateur du FFS (Front des forces socialistes), pour «tous les détenus de l'emblème de l'amazighité», pour «le supporter de l'équipe nationale condamné à un an de prison pour avoir brandi une pancarte ‘‘Yetnahaw gaa'' (Vous partez tous) et pour tous les détenus politiques». Lors du débat, les membres du comité se sont entendus sur plusieurs actions à court et moyen termes. D'abord, «la nécessité» d'organiser une conférence de presse durant les jours à venir en présence des avocats de Louisa Hanoune, d'autres militants des droits de l'hommes, de représentants de partis politiques, de syndicats et d'association pour mieux éclairer l'opinion publique sur la situation non seulement de la secrétaire générale du PT mais aussi de tous les détenus politiques et d'opinion. L'idée de saisir le président de l'Union des barreaux d'Algérie sur l'éventualité d'une action commune contre la «prise d'otage» de la justice a été proposée, alors que la décision de s'organiser autour d'un carré, dédié à la revendication de mise en liberté des détenus politiques et d'opinion, lors des marches du vendredi a été retenue. Les membres du comité se sont entendus pour rendre visibles toutes les déclarations de soutien à Louisa Hanoune, émanant de nombreux pays étrangers, y compris des Etats avec lesquels le parti n'a pas de relation, comme le Nigeria ou le Botswana.