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« Il faut suivre l'expérience de la Californie et du Japon pour limiter les dégâts » Kheireddine Ramdane. Maître de conférences en génie civil à l'USTO
Le docteur Kheireddine Ramdane, maître de conférences en génie civil à l'Université des sciences et technologies d'Oran (USTO), revient sur les raisons qui font que les dégâts humains et matériels des séismes en Algérie sont toujours lourds. L'activité sismique est concentrée dans la région nord du pays. Les séismes enregistrés ces derniers jours dans trois régions d'Algérie (M'sila, Tipasa et Jijel) suscitent à nouveau l'inquiétude des citoyens. Cette peur est-elle justifiée ? Je comprends l'inquiétude des citoyens vu qu'il n'y a pas une culture de sensibilisation, de préparation et de prévention dans notre pays. Aussi, il faut noter l'absence de réhabilitation parasismique, le non-respect des normes parasismiques par plusieurs intervenants, et ce, malgré les efforts consentis par l'Etat ces dernières années. Les secousses enregistrées ces derniers jours ne sont-elles pas un présage à d'autres séismes plus destructeurs ? Oui et non ! J'ai appris qu'un séisme peut frapper à n'importe quel instant. Pour le moment, on ne peut pas prévoir le lieu et le moment d'un futur séisme. Néanmoins, plusieurs équipes de recherche en sismologie essayent d'élaborer des méthodes de prédiction en utilisant des éléments précurseurs à un séisme tels que la déformation crustale, les phénomènes hydrogéologiques et la variation du champ magnétique, etc. Pourquoi, selon vous, les séismes sont toujours plus dévastateurs en Algérie, alors que dans d'autres régions du monde, des secousses plus fortes ont été enregistrées sans engendrer de dégâts humains importants ? A mon avis, on s'intéresse uniquement à la quantité au détriment de la qualité. De plus, on construit toujours mal et plusieurs constructeurs ne respectent pas les normes parasismiques. Alors qu'il faut constamment améliorer ces normes. Aussi, il faut arrêter l'urbanisation anarchique. Car celle-ci peut accentuer les pertes humaines. Au XXIe siècle, il faut trouver un slogan pour élever le niveau de la qualité de la construction pour contribuer à la réduction des dégâts humains lors des séismes qui frappent notre pays. A cet effet, les citoyens, le P/APC, le wali, les experts, les universités, l'ingénieur, l'urbaniste, les entrepreneurs doivent participer à la prévention et à la construction parasismique. Quelle est la démarche à suivre pour réduire à l'avenir l'ampleur des dégâts matériels et humains engendrés par les fortes secousses telluriques ? D'abord, il faut travailler davantage. C'est n'est que par le travail qu'on peut réussir et obtenir des résultats concrets. De plus, il faut bien s'organiser, travailler en groupe et établir plusieurs comités à l'échelle régionale et nationale. Pour réduire les dégâts à l'avenir, il faut suivre l'expérience de la Californie et du Japon. Il faut noter que le fait de prendre des mesures appropriées basées sur le concept du cycle de la gestion des risques sismiques (préparation, prévention…), étape par étape, peut réduire le risque du désastre total. A-t-on tiré les leçons des précédents séismes ? D'un point de vue théorique, on a tiré plusieurs leçons des précédents séismes, mais pas d'un point de vue pratique. Maintenant, il est temps de passer à la pratique.