Fatima est ingénieur aux services techniques de la commune de Tamanrasset. Originaire de Bouira, Fatima a débarqué à Tam peu après avoir obtenu son diplôme en aménagement du territoire de l'université de Bab Ezzouar en 1991. « J'ai décidé de quitter le nord précisément après l'assassinat de Boudiaf. La vie devenait insoutenable au milieu du désastre qui précipitait le pays dans le chaos. Mon père m'a encouragée à franchir le pas », confie-t-elle. Fatima travaillait alors dans un bureau d'étude, l'Urbab de Blida, qui avait décroché un marché à Tamanrasset. La première grosse tâche à laquelle elle prendra brillamment part sera la confection du premier PDAU (Plan directeur d'architecture et d'urbanisme) de la ville de Tamanrasset. « Cela a nécessité trois ans de travail, de 1996 à 1998. On a travaillé sur des photos aériennes », dit Fatima. Un effort couronné par sa nomination comme chef de service en 1998. Après dix-huit ans passés à essayer de donner un visage honorable à la capitale targuie, Fatima se sent complètement de Tamanrasset. « Avant, Tamanrasset était un village. Tous les édifices étaient en toub, les routes étaient dégradées, il n'y avait pas de médecins. Aujourd'hui, il y a tout, même internet », se réjouit-elle. Cependant, Fatima estime qu'il y a encore du « boulot », question mentalités : « Beaucoup de gens font de la résistance à l'idée d'avoir une femme comme chef. Pourtant, j'étais le seul ingénieur en 1998 et c'est moi qui ai fondé le service technique. » En 2010, Fatima a obtenu sa mutation pour retourner dans on patelin d'origine. « Je suis restée à peine une semaine et je suis revenue. Après 18 ans passés dans le sud, il est difficile de refaire sa vie dans le nord. C'est comme si je redémarrais ma carrière de zéro. »