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Tifra (Béjaïa) : Le siège de l'APC fermé depuis plus d'un mois
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2019

Cela fait plus d'un mois que les habitants du village Tifra ont fermé le siège de l'APC, et rien n'indique, du moins à la veille de l'Aïd, que l'on s'achemine vers le dénouement de ce conflit, devenu depuis le début du mois de juillet le sujet principal des discussions publiques.
Depuis le 1er juillet écoulé, on assiste au même rituel: des dizaines de citoyens rejoignent très tôt Hammam-Sillal, le chef-lieu de commune, pour assiéger le siège de l'APC. Un mois de fermeture passé et l'on entame le second mois, sans que des mesures appropriées soient prises pour dépasser cette crise. Hormis quelques tentatives de médiation, sans suites, rien, pour l'instant, ne se profile à l'horizon pour le règlement de ce conflit.
Le recours à la justice par le P/APC, qui a déposé plainte contre sept habitants du village pour «intimidations, menaces, outrages et agressions» à l'encontre de sa personne, n'a fait qu'envenimer la situation déjà délétère.
Lancée initialement, en réaction au non-respect des engagements relatifs au volet AEP, pris en 2017 par l'APC et la daïra de Sidi Aïch, cette action n'a cessé depuis de prendre de l'ampleur. Les protestataires, devant le peu d'empressement des autorités à écouter et à répondre favorablement aux revendications soulevées, durcissent de plus en plus le ton.
Excédés, notamment par la privation hydrique et par les lenteurs et le laisser-aller dans la prise en charge des projets dont a bénéficié le village, les habitants affichent une forte détermination à en découdre une fois pour toutes avec le passif en développement du village.
plateforme en quinze points
«On nous a eus en 2017, lorsqu'on a cessé notre action pour des promesses en carton, mais on ne nous aura pas cette fois-ci, nous sommes plus vigilants», nous dit fougueusement l'un des protestataires.
La plateforme adoptée par l'assemblée du village, servant de base à leur contestation, aligne pas moins de quinze points touchant quasiment à tous les secteurs d'activités. AEP, gaz, logements, emploi, transport, infrastructures éducatives, foncier communal… Il est fait état dans ce document de déficits dans plusieurs domaines, à telle enseigne qu'il est exigé carrément un «plan Marshall» pour en venir à bout.
Qu'il s'agisse de l'épineux problème d'AEP, de l'achèvement dans les normes des travaux en chantier (gaz…), de la mise en service des projets achevés, ou encore du lancement des projets inscrits, à l'exemple du groupement scolaire et de l'aménagement urbain, pour les villageois, tout reste dans les limbes. Aucun délai n'est fixé pour la traduction effective sur le terrain de ces projets tant attendus par la population.
Se voulant pragmatiques et sachant que certaines revendications contenues dans leur plateforme ne peuvent être concrétisées dans l'immédiat, à l'exemple de la réalisation d'un CET pour en finir avec la décharge controversée de Sikh Oughervi, ou encore de l'ouverture d'une enquête pour fraude aux élections locales de 2017, les contestataires mettent en avant certaines revendications qu'ils jugent comme un minimum syndical pour surseoir à leur action.
En termes de requêtes d'urgence, les protestataires réclament, entre autres, l'envoi d'une commission d'enquête et d'audit et la satisfaction des engagements pris en 2017 et cosignés dans des procès-verbaux. «Qu'ils envoient une commission d'audit et d'enquête pour examiner la gestion de l'APC et nous allons mettre fin à notre protestation», nous dit l'un des membres du collectif des villageois.
Interrogé sur les revendications du collectif de villageois, le P/APC, Meksem Rabah, tout en se défendant des velléités de marginalisation du village dont on l'accuse, déclare à El Watan qu'il est disposé au dialogue à tout moment et en tout lieu pour donner des réponses à toutes les revendications posées, notamment celles relatives au volet social et de développement local.
Tentatives de médiation
Comme il fallait s'y attendre, au niveau communal, cette action n'a laissé personne indifférent. Soutenue et encouragée par certains qui laissent entendre que l'APC n'a eu que ce qu'elle mérite, elle est également dénoncée par d'autres qui la jugent pénalisante plus pour les administrés que pour l'administration. «Fermer une route, une APC, une daïra… ne nuit qu'au petit peuple», se défendent ces derniers. Aussi, pour débloquer la situation et tenter de promouvoir la voix de l'apaisement et de la sagesse, plusieurs bonnes âmes y ont joué de leurs bons offices. Des représentants de plusieurs villages de la commune se sont rendus au village de Tifra pour écouter ses habitants et comprendre les raisons qui les ont poussés à fermer le siège de l'APC.
M'henni Haddadou, le P/APW, s'est rendu de son côté au village, où il a eu une franche discussion avec ses villageois. Des documents en relation avec le conflit en cours lui ont été remis. Les élus de l'opposition (FFS, RCD et Awal dawal) ont, depuis le début du conflit, pris position, à travers des déclarations diffusées régulièrement sur les réseaux sociaux et affichées dans les lieux publics. Tout en montrant leur disponibilité à coopérer dans toute initiative allant dans l'intérêt général de la collectivité, ces élus, en écho aux revendications des habitants du village Tifra, font remarquer que «tout est à l'abandon dans la commune et que tous les projets sont frappés du cachet de l'improvisation».
On ne sait quel impact auront toutes ces interventions dans l'évolution du conflit dans les prochains jours, mais pour le moment l'écheveau n'est pas encore démêlé. Le collectif de villageois, convaincu du bien-fondé de sa colère et de ses revendications, a introduit, ces derniers jours, une plainte à l'encontre du P/APC, appuyée par une large pétition. «Nous nous sommes interdits la marche arrière. Aller en avant est devenu maintenant notre cri de ralliement», nous dit, avec conviction, l'un des responsables du collectif de villageois.


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