A Ghaza, le folklore, le sourire, le théâtre, la plage, et tout ce qui pourrait distraire les enfants semble banni. C'est, vraisemblablement, ce qu'a visé un groupe armé et cagoulé qui a incendié, hier à l'aube, un camp de vacances pour enfants appartenant à l'Unrwra, l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés palestiniens. Selon des témoins, 40 hommes armés et cagoulés ont d'abord maîtrisé et ligoté le gardien du camp de vacances d'été, monté à Cheikh Aajline, sur la plage, à quelques minutes seulement du centre-ville, avant de mettre le feu aux tentes, aux jeux pour enfants et autres édifices qui devaient accueillir des centaines d'enfants de réfugiés. Les assaillants n'ont pas omis de donner au gardien qu'ils ont agressé une enveloppe contenant une lettre de menaces adressée à John Ging, le directeur des opérations de l'Unrwa et à tous les fonctionnaires de l'agence onusienne, en plus de 4 balles. C'est ce qu'a déclaré Adnane Abou Hasna, le porte-parole médiatique de l'agence qui a souligné que c'est le plus grand camp de vacances dans la région de Ghaza et qu'il devait accueillir les enfants à partir du 12 juin prochain. Pour sa part, John Ging, connu dans les territoires palestiniens pour ses prises de position courageuses durant la dernière guerre israélienne contre l'enclave palestinienne, a tenu une conférence de presse au centre de vacances dévasté, pour dire que l'Unrwa ne se laissera pas intimider. M. Ging a dit que ceux qui ont incendié le centre ont voulu empêcher les enfants de Ghaza de sourire et de vivre. Le directeur de l'agence onusienne a dit aussi que « cet acte est la résultante d'une mentalité extrémiste qui déteste les enfants et la vie », soulignant que l'Unrwa rebâtira immédiatement ce camp et que les jeux d'été se poursuivront. « Plus de 80% des enfants de la bande de Ghaza souffrent de pressions psychologiques dues à la guerre et au blocus et ces camps ont été édifiés pour libérer ces enfants de ces pressions et créer une atmosphère de joie et de bonheur dissipée par le blocus et la tragédie que vit Ghaza », a ajouté M. Ging, qui a appelé le gouvernement du Hamas à protéger ces camps, mettant en garde contre une escalade de tels actes et leurs retombées sur la vie des gens, soulignant que « ceux qui ont exécuté cette sale besogne ne feront pas peur a l'Unrwa et ne l'empêcheront pas de continuer de venir en aide à la population de Ghaza ». Le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, Ihab Leghseine, a, quant à lui, déclaré que « la police a ouvert une enquête sur l'incident », soulignant que « cet acte est hautement condamnable et que les coupables seront punis une fois découverts ». Attentat contre l'innocence Des inconnus avaient distribué, à la sortie de la prière de vendredi dans certaines mosquées de Ghaza, un communiqué contenant des menaces de prise de mesures sévères contre l'Unrwa qualifiée d'organisme servant les intérêts coloniaux et des critiques sans précédent à l'encontre de son directeur des opérations, John Ging. Cet incident grave n'est en aucune manière une preuve d'une quelconque montée de l'extrémisme dans la société palestinienne. Ceux qui ont brûlé le camp de vacances appartiennent à des petits groupes qui veulent imposer par la force un agenda et une manière de vivre à une majorité conservatrice, peut-être, mais sont loin d'être fanatiques. Cet incident sécuritaire, qui, s'il se répète, pourrait avoir une influence négative sur les aides fournies par l'Unrwa à des centaines de milliers de citoyens qui en dépendent presque totalement en ce temps de blocus. Pas moins de 40 hommes armés ont participé à la destruction du camp de vacances sans que quiconque ne soit arrêté. Mystère…