Les Hadjoutis, emblème national à la main pour certains, sur les épaules pour d'autres, ont patienté devant le monument des martyrs de la Révolution quelques dizaines de minutes avant l'arrivée de leurs compatriotes, venus des autres quartiers de la ville. La procession démarre… Des pancartes et des banderoles sont hissées par les manifestants, pour rappeler leurs revendications : « klitou lebled ya essarakine ( vous avez pillé le pays, voleurs)», « Ignorer les articles 7 et 8, signifie le scénario égyptien en Algérie », « dawla madania machi âaskariya (Etat civil, pas militaire) », « Algérie libre et démocratique ». Gaid Salah et Karim Younès n'ont pas échappé aux slogans hostiles des manifestants. Un citoyen distribuait des petites bouteilles d'eau minérale aux manifestants. Au fil des mètres parcourus, la foule grossit en l'absence des femmes. Les groupes de policiers se postent aux coins des rues, à l'ombre. La manifestation du sourire ne les inquiète pas. Des marcheurs nous ont fait part de leur perception concernant l'avenir du Hirak. « Nous manifestons depuis le 22 février, maintenant nous devons nous poser des questions sur les dispositions à prendre. L'avenir de notre pays et de notre jeunesse devra passer en premier lieu et le statu quo ne devra plus durer encore », nous explique un retraité. Un médecin spécialiste nous a déclaré : « je suis venu de Montréal dans la matinée d'aujourd'hui nous. J'ai participé à plusieurs manifestations dans différentes villes en Algérie depuis le 22 février. Dites-vous bien que j'ai aussi manifesté devant le Consulat d'Algérie à Montréal avec notre communauté qui réside au Canada, franchement je suis heureux de la forte mobilisation là-bas, et aujourd'hui, pour honorer la mémoire de mon père chahid et ses compagnons, je ne voulais pas rater la manif du vendredi à Hadjout. Depuis 57 ans, ceux qui ont dirigé notre pays, avaient dilapidé les richesses du peuple et ils nous ont eu avec leurs discours mensongers ». Un opérateur économique qui s'inquiète de la faillite du pays, estime : « heureusement que Facebook a réussi à unir le peuple pour se débarrasser d'une partie du gang, les voleurs, mais il reste encore l'autre partie du gang qui s'était mobilisée pour perpétuer le règne de réélire Bouteflika et sa clique, Bouteflika est revenu au pays grâce à l'appui malheureusement des militaires, pour se venger des algériens et mettre notre pays dans l'état où il se trouve maintenant en dilapidant les richesses enchaîne-t-il, c'est inadmissible, il faut qu'il soit jugé ». Signalons enfin que la ville de Tipasa et la localité de Cherchell ont enregistré également des manifestations pacifiques en ce 26e vendredi.