Au sein de la grande foule, un professeur de médecine dans l'un des grands CHU du centre du pays, sa tête couverte par un bob, passait inaperçu parmi des manifestants. Un enseignant en retraite brandissait l'emblème national. Un docteur, enseignant à l'université d'Alger tenait dans ses mains sa nièce. Des jeunes ouvriers, un juriste accompagné de ses amis… Quelques femmes se joignent à la marée humaine. Il fait très chaud en cette journée du vendredi 26 juillet. Le taux d'humidité est trop élevé. Les visages des manifestants sont couverts de sueur. Le noyau du hirak local ne lâche pas. Certains citoyens invitent à vive voix les compatriotes debout à l'ombre à se joindre avec eux. Dès l'entamer de la procession, les manifestants empruntent le parcours. La presse est fustigée à haute voix par les manifestants, critiquée par son absence dans le combat des citoyens. Leur moulinette commence à fonctionner à l'égard des hommes de la presse, avant de s'étaler sur d'autres thèmes. « Les chaînes de télévision et de radios algériennes, y compris les journaux ne s'intéressent plus aux manifestations du vendredi et à celles des étudiants malheureusement, leurs journalistes sont les chiyatines du système » nous déclarent les manifestants. Quelques mètres plus loin, un groupe de manifestants se rapprochent de nous, « ce n'est pas vous et votre journal qui sont concernés par les critiques, il s'agit des autres médias, nous avons remarqué votre présence et le soutien de votre quotidien à nos manifestations », nous assurent-ils. « Dawla madaniya machi âaskariya », « manach talkine essarakine » « pas de dialogue avec le gang et les symboles du système » ; « samidoune, samidoune » ; « echâab yourid el istiklal » ; « silmiya, silmiya » ; « one two, three, viva l'Algérie » ; « rana habina dawla madaniya yal Gaid », tels sont les quelques slogans qui surgissaient de la marée humaine en ce 23ème vendredi. A Hadjout, les manifestants continuent à insister sur l'application des articles 7 et 8 de la constitution. Au chef lieu de la wilaya de Tipasa, les manifestants ne se sont pas empêchés de critiquer le patron de l'ANP, Gaid Salah. Ils ont réitéré leur désaccord au dialogue avec les représentants du système toujours en place, qui sont à l'origine du malheur du peuple algérien, de surcroît ayant à chaque fois confisqué la volonté du peuple lors de chaque élection depuis l'Indépendance du pays. « Ma etkalkhounach bel kahloucha », en référence avec la victoire des verts à la dernière CAN, avaient-t-ils scandé lors de ce 23ème vendredi de la Révolution du sourire.