Le sixième centenaire du décret d'expulsion des morisques d'Espagne a été, jeudi dernier, le thème de la journée d'étude et l'occasion pour le Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran d'inaugurer son nouveau siège, sis à proximité de l'USTO Mohamed Boudiaf d'Oran. Une superbe construction bâtie avec un style arabo-mauresque et dotée de toutes les commodités nécessaires à une telle institution de recherche scientifique. La rencontre, organisée par une équipe de chercheurs du CRASC, a été caractérisée par la présentation d'une dizaine de communications évoquant le calvaire enduré en 1609 par les morisques, lorsqu'ils furent embarqués immédiatement et à leur insu des ports espagnols vers les côtes oranaises. L'histoire de ces morisques, qui ne sont autres que les descendants des musulmans convertis officiellement au christianisme, mais continuant à pratiquer secrètement l'Islam jusqu'à leur expulsion définitive de 1609 jusqu'en 1614, est devenue un domaine de recherche important et nécessaire pour la connaissance historique et l'évolution de cette communauté de souche musulmane implantée dans la région. Dans son intervention, Terki Hassaine Ismet, de l'université d'Oran, a tenté de montrer qui étaient ces morisques, quelle a été leur trajectoire historique, et comment ces malheureux ont subi dans leur propre chairsun déchirement identitaire musulman/chrétien, dans un pays de conception religieuse catholique dans sa nouvelle forme d'Etat, jusqu'à leur expulsion vers le Maghreb ou ailleurs. Pour sa part, Mme Bendimerad Nacira, de l'université de Tlemcen, a rappelé, dans sa conférence, que la couronne hispanique du roi Philippe III de la maison d'Autriche avait décidé avec le Conseil d'Etat d'expulser tous les musulmans d'Espagne, bien qu'ils aient été évangélisés selon les désirs d'unification religieuse du territoire. Trompés, trahis, exploités, maltraités, soumis puis chassés, les morisques n'avaient pas d'autre choix que celui de l'exil vers d'autres contrées plus clémentes, notamment celles de l'Afrique du Nord, a rappelé cette doctorante, non sans conclure que l'édit d'expulsion a eu des retombées très importantes. De son côté, la représentante de l'université d'Alger à cette rencontre, Mme Lasel Adriana, une Algérienne d'origine chilienne, a abordé le sujet à travers ses deux romans qu'elle a intitulés Lucas le morisque, ou le destin d'un manuscrit retrouvé et Un parfum de vie. L'apport des morisques dans la toponymie de la Mitidja et l'apport civilisationnel des Andalous dans la capitale du Maghreb central, Tlemcen entre le XVIe et le XVIe siècles, étaient les autres sujets abordés par les participants à cette rencontre commémorative.