Depuis quelques jours, le jeu classique des grandes puissances, et particulièrement celui que l'on appelle communément le cercle des puissances nucléaires, subit un assaut comme jamais auparavant, en tout cas inimaginable jusque- là. C'est ce jeu qui a précédé la conférence de suivi du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) ouverte au début de ce mois et qui a débouché sur un texte appelant non seulement à faire du Proche- Orient, une zone exempte d'armes nucléaires, mais aussi et peut- être surtout à la tenue en 2012 d'une conférence internationale pour un Moyen-Orient dénucléarisé. Juste ce qu'il faut pour susciter le rejet par Israël, seule puissance nucléaire dans la région, mais qui a toujours échappé aux fonctionnaires internationaux pour la simple raison qu'il n'est pas signataire du TNP, et de ce fait n'est pas soumis aux obligations découlant d'un tel engagement. Une situation bien confortable dira-t-on, puisqu'Israël fort aussi d'un soutien international qui est aussi logistique et scientifique grâce auquel il dispose d'un arsenal nucléaire évalué à plus de deux cents bombes atomiques, n'est pas tenu de rendre compte des activités dans ce domaine, surtout que ses alliés savent si bien s'opposer à tout ce qui irait dans ce sens. Mais cette fois, la résolution adoptée, vendredi dans la soirée, a été droit au but même si Israël critique le fait qu'il soit seul à y figurer, alors que selon lui, « le texte passe sous silence d'autres pays comme l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord qui disposent d'armes nucléaires ou, plus grave encore, l'Iran qui cherche à s'en doter ». Les trois premiers n'ont pas souscrit eux aussi au TNP, mais à l'inverse d'Israël, n'entretiennent pas ce que ce dernier appelle lui-même l'ambiguïté nucléaire. Un ni oui ni non en quelque sorte. Le document refuse de souscrire à cette approche, mais prend en compte un fait avéré révélé de surcroît par les plus hautes autorités israéliennes. C'est pourquoi, affirme-t-il, « il importe qu'Israël adhère au traité et place toutes ses installations nucléaires sous les garanties globales de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), celle-là même qui n'a jamais pu accéder aux installations nucléaires israéliennes. Comment, dans un tel contexte, cela a-t-il pu se passer ? Selon Israël, « les pays arabes ont profité de la faiblesse des pays occidentaux pour extorquer des concessions sur le dos d'Israël », alors même que le président américain, Barack Obama, a salué un accord « équilibré et réaliste », même s'il s'est dit « fortement » en désaccord avec le fait de singulariser Israël. Dans le même temps, la déléguée américaine, Ellen Tauscher, a déclaré que les Etats-Unis s'engageaient à oeuvrer au succès de la conférence en question, même si, apprend-on par ailleurs, sa tenue dépend des conditions de son succès. Cela est une manche à part, mais elle ne doit en aucun cas occulter le résultat de la réunion de New York puisqu'elle a permis de rétablir la vérité, de traiter plus du réel que du virtuel. Et en cela, les principales puissances nucléaires ont dû prendre en compte une forme de plus en plus grande d'opposition au traitement des affaires du monde au cas par cas. C'est déjà un échec pour Israël.