Le remaniement ministériel opéré ce vendredi par le premier magistrat du pays est qualifié par certains partis politiques de simple lifting, d'autres, par contre, trouvent ces changements importants, car ils s'imposaient. Il y a aussi ceux qui pensent qu'il s'agit là d'un non-événement. Le parti de Saïd Sadi estime que le geste du chef de l'Etat n'est qu'un énième replâtrage. Mohcen Belabès, chargé de l'information au RCD, note que « l'illégitimité » et le « mal » sont au plus haut sommet de l'Etat. « Les scandales de corruption qui ont éclaboussé la scène nationale ces derniers mois sont d'abord de la responsabilité du président de la République. Il n'y a pas que le secteur de l'énergie qui a été touché, ceux de la pêche et des travaux publics ont été sérieusement secoués par les affaires de corruption et les ministres ont été maintenus à leurs postes ! », s'est exclamé notre interlocuteur qui fera remarquer que ce remaniement est une autre tentative de gagner du temps. « Le mauvais cholestérol a définitivement atteint le pouvoir algérien », a lâché M. Belabès. Analysant la création d'un poste de vice-Premier ministre, démarche prévue par la Constitution, le représentant du RCD explique que pour l'heure d'aucuns n'ignorent le champ d'intervention de Nourredine Yazid Zerhouni. « Dans tous les pays qui se respectent, avant la création d'un poste, on fixe les prérogatives, les objectifs d'un tel poste ministériel et dans quel domaine il peut intervenir. Chez nous, on met toujours la charrue avant les bœufs », a-t-il lancéavec amertume. Le RCD est persuadé que ce changement qui est un non-événement pour les Algériens est une nouvelle répartition des postes de souveraineté entre les clans du régime. S'agissant de la création du ministère de la Prospection et des Statistiques, le RCD ne comprend pas l'utilité d'un tel département. « Le problème des statistiques ne peut pas être réglé à travers la création d'un poste ministériel. Il existe des institutions chargées de faire ce genre de travail. Il aurait fallu définir les prérogatives des institutions existantes », a soutenu M. Belabès qui regrette que les organismes chargés d'élaborer des statistiques ne rendent jamais publics leurs travaux. « L'Etat a, malheureusement, la mainmise sur ces institutions. La création d'un département à sa solde n'améliorera nullement la situation », pense le RCD. De son côté, M. Djemâa du MSP parle d'un simple lifting et non d'un remaniement conséquent. « Il n'y a eu ni changement politique ni changement d'orientation. Ce remaniement s'inscrit dans la continuité », fera remarquer M. Djemâa qui qualifie de tout à fait normale la création d'un poste de vice-Premier ministre. « Du moment que l'on a apporté un changement à la Constitution et on a annoncé la création d'un poste de vice-Premier ministre, il fallait bien appliquer cela sur le terrain », a déclaré le représentant du MSP. Pour lui, les permutations de postes entre certains ministres et la mise à l'écart d'autres étaient prévisibles et évidentes. « Tout le monde a constaté que certains ministères ne fonctionnaient pas normalement tels que celui de l'Energie avec notamment l'affaire Sonatrach. Il fallait un changement à ce niveau », a lâché M. Djemâa. Seulement à la question de savoir pourquoi le chef de l'Etat n'a pas écarté les ministres de la Pêche et des Travaux publics, deux secteurs qui ont connu de grosses affaires de corruption, le représentants du MSP s'en défend en accusant la presse d'être à l'origine de la polémique. Il affirme que « ce sont les fonctionnaires de ces ministères qui sont concernés par la corruption et non les ministres, et ces derniers ne peuvent pas contrôler tout ce qui se passe dans leur ministère ». « On ne change pas un ministre sur la base d'une polémique », a lancé M. Djemâa. « Le premier magistrat du pays a ses propres appréciations. Il a jugé nécessaire de faire des changements de façon à ce que l'équipe gouvernementale soit à la hauteur de sa mission et réponde aux aspirations des citoyens », a soutenu M. Chorfi du RND.