Le récent remaniement ministériel n'a pas semblé convaincre grand-monde. En fait, les remaniements sont, sommes- nous tenté de dire, faits pour ne convaincre personne sans exclusive d'un camp politique à un autre et encore moins la rue. Pourtant en ce qui concerne l'Algérie, le lifting opéré est essentiel en ce sens qu'il répond à la nécessité, exception faite pour le ministre de l'Intérieur dont le changement s'interprète autrement. S'agissant du commerce, de l'energie et des mines, ils ne sont évidemment pas, loin s'en faut, parmi les moins importants. Et c'est, sans doute, parce qu'il a ciblé des secteurs précis qui, dans les faits, n'ont pas matérialisé les engagements pris par le président de la république notamment le commerce et les technologies de l'information et la communication (engagement axial et thème important de sa campagne électorale pour le troisième mandat) qu'il y a lieu d'interpréter une réelle volonté de corriger la trajectoire et obtenir leur recentrage dans l'ordre de marche. Car, si la parti plus visible du remaniement ministériel n'a fait se focaliser les regards que sur le département de l'energie, il relevait toutefois de la logique élémentaire qu'un tel changement, au demeurant prévisible et attendu depuis quelque temps, soit effectif et aboutisse à son interprétation politique amplifiée compte tenu de l'aspect forcément spectaculaire et de la dimension du département concerné, des fantasmes qu'il entretient par son incontestable importance stratégique et dans l'imaginaire des populations et de celle (dimension) de celui qui en détenait le portefeuille. Au motif de corruption et de scandales financiers répétés et plus visibles dans ce pan du gouvernement qu'ailleurs, de nombreuses personnes sont vite allées en besogne en qualifiant de faillite générale, d'échec les conséquences de cas de figure -sous d'autres cieux, et, sans pour autant que toutes ces pratiques interlopes aient matière à être édulcorées et encore moins justifiées- quasi régulière et parfois institutionnellement bénis par les pouvoirs en place. Encore heureux que la presse chez nous et comme jamais ailleurs, s'en fasse l'écho dans la plus grande liberté et la transparence et en arrive même, pour l'intérêt général, à obtenir réparation. En témoigne superbement le lifting évoqué. Abdelaziz Bouteflika s'est attelé depuis dix ans à remettre sur les rails un pays exsangue, laminé socialement, partagé politiquement, et cette Algérie en perpétuelle reconstruction, comme tout pays qui se trouverait dans la même situation, n'était pas en mesure de l'être sans dommages collatéraux. Le président de la République, qui a eu à en faire le constat au cours de son premier mandat, n'a cessé d'appeler à la cohésion nationale et à la maturité des uns et des autres dotant l'Exécutif d'un arsenal juridique des plus consistants et surtout des plus cohérents à long terme compte tenu des conjonctures successivement traversées. Nous évoquerons pour exemple mais aussi pour la complémentarité de l'action administrative ou l'acte de gestion, les lois sur la corruption, l'activité des notaires et des huissiers de justice promulguées en février 2006. Néanmoins l'édifice législatif mis en place à cet effet et ce, contrairement à l'esprit et à la lettre attendus, a plus souvent inhibé les acteurs que suscité en eux l'initiative, le sens du management et par voie de conséquence contribué, à tort ou à raison, à une érosion de leurs compétences et pesé sur la gestion, conduisant en raison d'une tiédeur, du besoin d'une tutelle au moment de la décision, en somme d'une crainte presqu'injustifiée, à des erreurs qui souvent n'en deviennent que plus pesantes jusqu'à déboucher sur une impasse et des conséquences douloureuses pour les uns, d'une part, et l'intérêt public, voire national parfois. Le dernier remaniement ministériel s'inscrit vraisemblablement dans le sens du fort signal qui consiste à ramener la sérénité dans les différents secteurs et invite les acteurs concernés à rebondir et surtout à préciser que l'Etat est plus que présent, à leur écoute et attentif à leurs attentes. A. L.