Le patron du groupe Cevital a estimé qu'en l'absence de débat avec les entrepreneurs, le plan risque de ne pas produire les effets escomptés en termes de croissance économique. Issad Rebrab, président du groupe Cevital, a critiqué hier le plan quinquennal d'investissements publics 2010-2014, annoncé par le gouvernement. Lors d'un symposium international consacré à l'entreprenariat, organisé à Alger, le patron du groupe Cevital a estimé qu'en l'absence de débat avec les entrepreneurs, le plan risque de ne pas produire les effets escomptés en termes de croissance économique. « Il ne faut pas dépenser pour dépenser, il faut créer des richesses et des emplois », insiste M. Rebrab qui appelle à un grand débat national entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques autour de ce plan. « J'espère qu'il y aura une rectification des projets d'investissements », tient à dire le patron du groupe Cevital qui nuance ses propos en ajoutant : « D'une manière générale, c'est extrêmement bien, mais il faudrait aujourd'hui que l'on invite les opérateurs économiques à un dialogue pour affiner la réflexion sur les véritables projets créateurs de richesses, nécessaires au développement du pays. » En réponse aux sollicitations des journalistes, Issad Rebrab n'a cessé de clamer hier : « On réclame le débat », estimant que « c'est une chance de pouvoir dégager une enveloppe de 286 milliards de dollars », tout en se demandant : « Comment va t-on utiliser cet argent ? » C'est la grande interrogation qui s'impose à tous les niveaux. « Sur ces 286 milliards de dollars combien va t-on réaliser de projets qui vont coûter leur vraie valeur ? », se demande encore le patron de Cevital, allusion faite aux surcoûts dont souffrent plusieurs projets. Avant de préciser sa pensée en disant : « Si on dépense 286 milliards de dollars pour construire des projets qui coûtent 70 milliards de dollars, ce serait criminel ! » Issad Rebrab, qui gère l'une des plus grosses cylindrées privées algériennes, marque ainsi son indignation par rapport aux scandales financiers ayant entaché récemment les grands projets. Dans la foulée, il a tenu à dire que « quand je vois que l'autoroute Est-Ouest qui devait coûter 7 milliards de dollars, puis 11 milliards de dollars et qu'aujourd'hui on parle de 18 milliards de dollars, alors que dans d'autres pays, ce type d'infrastructure ne coûte que 5 milliards de dollars, je me pose des questions ». Ce dernier avait à cœur, hier, de parler de la nécessité de réaliser de grands ports de dimension internationale pour pallier les insuffisances des ports existants étouffés par le tissu urbain. « C'est la première fois que l'Algérie dépense 286 milliards de dollars et pourtant, il n'y a rien de prévu pour doter le pays d'infrastructures portuaires qui permettront à notre économie d'être compétitive sur le plan international », a-t-il relevé. « Quand j'ai vu que dans le plan d'investissements, était inscrit le projet de réalisation de 7 ports de pêche alors que nous n'avons pas de ports importants, j'ai été outré », s'est exclamé Issad Rebrab qui ajoute en parlant des pouvoirs publics : « Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas, mais ils n'ont rien demandé aux opérateurs économiques. » Le patron de Cevital estime par ailleurs les pertes financières annuelles dues au manque d'infrastructures portuaires à 2, 6 milliards de dollars. « Avec ce montant, on peut réaliser un port de grande envergure », insistait encore M. Rebrab. Pour sa part, le patron du Forum des chefs d'entreprises (FCE), qui s'exprimait hier lors du symposium sur les pratiques entrepreneuriales organisé à l'hôtel Hilton, s'est déclaré « satisfait du plan quinquennal 2010-2014 », tout en estimant qu'il reste « de grands efforts à fournir en matière de réglementation ». Réda Hamiani a également posé le problème des surcoûts des projets et relevé que les résultats dans le domaine de la création d'entreprises restent insuffisants par rapport à l'objectif d'un million de PME, tracé par le gouvernement. « Si on continue comme cela, on n'y arrivera pas », a encore ajouté le chef du FCE.