L'incarcération de 22 manifestants pacifiques, ce dimanche, est, pour l'opposition et les défenseurs des droits de l'homme, l'une des images les plus illustratives de ce climat répressif qui règne sur la scène nationale. La répression du mouvement populaire pacifique, qui réclame une transition démocratique depuis maintenant 30 semaines, s'accentue. Parallèlement à la mise en application de son agenda politique à travers la convocation du corps électoral pour le 12 décembre prochain, le pouvoir met en branle sa machine répressive en multipliant les arrestations d'hommes politiques et de manifestants. L'incarcération de 22 manifestants pacifiques, dimanche (15 septembre) est, pour l'opposition et les défenseurs des droits de l'homme, l'une des images les plus illustratives de ce climat répressif qui règne sur la scène nationale. Ces manifestants sont poursuivis pour, entre autres, «incitation à l'attroupement», «atteinte à la sécurité de l'Etat», «invitation à l'attroupement via les réseaux sociaux» et «incitation à la désobéissance». Parmi eux, il y aurait un septuagénaire et un jeune homme atteint de cancer. La même journée, des citoyens ont été interpellés à Constantine, lors d'une manifestation populaire. Leur tort est d'avoir manifesté pacifiquement contre l'élection présidentielle convoquée pour décembre. Ces arrestations s'ajoutent à celles opérées ces dernières semaines un peu partout dans le pays. Aucune région n'est épargnée par cette répression qui s'abat sur le mouvement populaire qui réclame un changement radical du système depuis le 22 février. En effet, des arrestations de manifestants ont été opérées notamment à Oran, à Annaba et dans d'autres grandes villes du pays. Au FFS, on parle de «pressions» exercées sur ses élus à l'intérieur du pays pour adhérer à ce scrutin présidentiel, après l'annulation des deux derniers (le 18 avril et le 4 juillet). Tenant à son agenda électoral, le pouvoir use donc de cette arme redoutable pour tenter d'en finir avec le mouvement populaire, qui refuse une présidentielle dans le contexte actuel et exige une période de transition pour préparer les conditions optimales pour une véritable compétition électorale. Les organisations des droits de l'homme et beaucoup d'observateurs craignent le pire dans les prochaines semaines, à savoir le retour à l'interdiction des marches, notamment à Alger. Des partis politiques dénoncent, pour leur part, ce qu'ils considèrent comme «une tentative d'étouffement du mouvement populaire». «Pour neutraliser toute opposition à cette feuille de route, ce pouvoir de fait a multiplié et intensifié les actes de répression, en procédant à des interdictions systématiques des activités politiques et associatives dans l'espace public, à des interpellations et arrestations violentes qui ciblent des militants politiques, des acteurs sociaux et des manifestants du mouvement révolutionnaire pacifique, et à la fermeture des canaux médiatiques indépendants», a relevé Hakim Belahcel du FFS. Ce dernier a précisé que «cette stratégie répressive n'a pas épargné des acteurs politiques et des leaders d'opinion, arrêtés illégalement et emprisonnés sans jugement». Mohcine Belabbès, président du RCD, évoque, sur sa page Facebook, «une stratégie bien réfléchie par ceux qui ont squatté les centres de décision en violations des lois et de la Constitution». Il s'agit, selon lui, «de faire peur et de diviser le mouvement populaire opérer un coup de force contre la souveraineté que le peuple a décidé de se réapproprier». De son côté, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a estimé que «ces arrestations, y compris celles d'hommes politiques, et le maniement de la division du peuple, démontrent la logique autoritaire du pouvoir qui est à l'évidence dangereuse». Le Parti des travailleurs a, pour sa part, souligné la montée d'un cran de la répression contre les manifestants qui refusent d'adhérer à une élection présidentielle qu'ils jugent «hâtive» et «inopportune dans le contexte actuel». En resserrant l'étau sur le hirak, le pouvoir semble décidé à faire en sorte qu'il n'y ait pas d'autre rendez-vous électoral manqué.