Le Front des forces socialistes (FFS) rejette en bloc l'agenda du pouvoir et dénonce son obstination et son recours à des institutions illégitimes décriées par le peuple algérien. Le secrétariat national du parti de feu Hocine Aït Ahmed s'est élevé, hier, contre la «stratégie répressive» du pouvoir visant ni plus ni moins qu'à «neutraliser toute opposition à sa feuille de route». Le FFS a évoqué la crise politique nationale que vit le pays et qui s'aggrave au fil des jours pour atteindre un stade dangereusement critique. La responsabilité de cette situation incombe, explique le FFS, aux tenants d'un pouvoir illégitime, impopulaire et autoritaire qui, pour se maintenir coûte que coûte, a décidé unilatéralement d'imposer sa feuille de route en organisant une élection présidentielle à brève échéance. Hakim Belahcel, premier secrétaire de cette formation politique, qualifie d'«inacceptable» et de «très grave» la stratégie adoptée par le pouvoir qui, pour neutraliser toute opposition à sa feuille de route, a multiplié et intensifié les actes de répression, «a procédé à des interdictions systématiques des activités politiques et associatives dans l'espace public, à des interpellations et arrestations violentes qui ciblent des militants politiques, des acteurs sociaux et des manifestants du mouvement révolutionnaire pacifique et à la fermeture des canaux médiatiques indépendants». Pour le FFS, cette stratégie répressive n'a pas épargné des acteurs politiques et des leaders d'opinion, arrêtés illégalement et emprisonnés sans jugement. Mieux encore, en plus de ces violations des droits humains, les tenants du pouvoir vont jusqu'à adopter de façon expéditive, au pas de charge, deux projets de lois liés au régime électoral et à l'autorité d'organisation des élections par un Parlement illégitime et impopulaire dans l'unique but de convoquer à tout prix le corps électoral le 15 septembre et les élections avant la fin de l'année. «Cette démarche relève d'un acte politique suicidaire, d'autant que le pouvoir est resté insensible au rejet exprimé par le mouvement citoyen chaque vendredi depuis le 22 février.» Le FFS, qui rejette totalement l'agenda du pouvoir, dénonce énergiquement «les agissements irresponsables et dangereux des médias aux ordres, notamment l'ENTV, dont la propagande malfaisante vise à saper les bases de la cohésion et de l'unité nationale cimentées par la révolution populaire et à remettre en cause le caractère pacifique et solidaire du mouvement citoyen». Le plus vieux parti de l'opposition a réitéré son appel à un dialogue sérieux, transparent et inclusif, afin de trouver des issues consensuelles et réalistes à la crise ; il appelle en outre les autorités du pays à libérer, immédiatement, tous les détenus politiques et d'opinion et l'arrêt des intimidations et de toutes formes de répression afin d'installer un climat favorable à ce dialogue.