Comme chaque année au terme du mois de mai, les professionnels de la santé, et autres associations activant dans le secteur, ont commémoré ce lundi la journée sans tabac, et ce pour rappeler à l'opinion publique l'ampleur du fléau affectant à l'échelle mondiale les populations dans toute leur diversité. Médecin-chef au service d'épidémiologie et de médecine préventive du CHU Benbadis, et président de l'observatoire régional de la santé, le Pr. Djamel Zoughaïlèche nous livre à cette occasion ses impressions assorties de quelques chiffres révélateurs. Entre autres réflexions, ce dernier estime qu'en Algérie, « les sommes dépensées pour lutter contre le tabagisme représentent une part infinitésimale des recettes fiscales perçues sur le tabac sous toutes ses formes ». Ce qui est, de son point de vue, aberrant sachant que dans les pays de la rive Nord, la volonté politique est frappante, et la quote-part affectée à ce volet d'intervention est nettement plus importante que dans les pays du Sud. Il existe, en outre, une inadéquation flagrante entre la réglementation algérienne antitabac et son application sur le terrain. « Pour preuve, l'interdiction de fumer sur le lieu de travail et dans les lieux publics n'est pas respectée, la vente de cigarettes aux jeunes n'est frappée d'aucune restriction et l'étiquetage n'est pas conforme », affirme notre interlocuteur. D'autre part, s'appuyant sur une enquête menée à son niveau à l'initiative du ministère de tutelle, en partenariat avec l'OMS, il révèle que concernant la gent féminine, le taux de prévalence chez les 13/15 ans oscille entre 16,6 et 22,6 %. Pour la gent masculine, il est de 28 à 43,2 %. Selon cette même source, en moyenne un étudiant sur cinq fume, 50 % des étudiants fumeurs ont goûté leur première clope avant l'âge de 16 ans, et 33 % ont été exposés à la fumée de cigarette au sein même de la famille, et dans les lieux publics. Le tabagisme dit passif est accusé d'augmenter le risque de cancer du poumon de 26 %, et d'infarctus du myocarde de 23 %. Quant aux enfants nés de mères ayant continué à fumer durant la grossesse ou ayant inhalé la fumée de tabac, ils sont, d'après notre interlocuteur, beaucoup plus exposés au syndrome de la mort subite du nourrisson, aux maladies respiratoires, aux atteintes de la fonction pulmonaire, à l'asthme et aux infections de l'oreille moyenne. Pour corser le tout, notre interlocuteur indiquera que les accidents cardiaques et attaques cérébrales sont les premières causes de mortalité imputées à la consommation de tabac, pointé également du doigt comme étant responsable de l'artérite des membres inférieurs, du cancer du poumon, des bronchites et de l'emphysème.