Après la signature de la convention cadre de lutte contre le tabagisme, l'Algérie semble faire un nouveau pas pour aller vers l'interdiction du tabac dans les lieux publics. L'offensive vient d'un projet de loi que le ministère de la Santé vient de déposer au niveau du gouvernement, interdisant la cigarette dans les maisons et dans les voitures en présence des enfants. La réglementation en vigueur va être ainsi réactualisée. Un décret exécutif a été également élaboré, ciblant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit. Le ministre de la Santé, Amar Tou, a réitéré, hier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale antitabac, son engagement à mener à bien ces textes réglementaires. Il a rappelé que l'objectif visé est de réduire la prévalence du tabagisme, qui est de 19% selon l'étude STEP, d'au moins 5% par an dans la population générale, de réduire la prévalence du tabagisme à moins de 10% chez les jeunes et assurer la protection des non- fumeurs. La stratégie adoptée est axée aussi sur l'éducation des fumeurs, la création des consultations de tabacologie dans les centres hospitaliers, etc. L'expérience de l'hôpital Mustapha a été d'ailleurs présentée, hier, par Pr Nafti, chef de service à la clinique des maladies respiratoires. En termes de perspectives, le ministère de la Santé entend généraliser l'opération « hôpitaux sans tabac », les consultations de tabacologie dans tous les établissements de santé et la formation de tabacologues. Par ailleurs, la Journée mondiale de lutte contre le tabac, célébrée le 31 mai, qui porte cette année le slogan « Jeunesse sans tabac, évitez le piège de la publicité » se veut un appel mondial contre l'industrie du tabac.« Le tabac est le seul produit de consommation légalement en vente qui entraîne la mort d'un tiers, voire de la moitié de ceux qui l'utilisent », dénonce l'OMS. Le directeur régional pour l'Afrique, Dr Luis G. Sambo, a tenu à préciser, lors de cette rencontre au ministère, à Alger, que la santé d'une grande proportion des jeunes dans le monde est sérieusement menacée par ces produits mortels. On compte 1,8 milliard de jeunes dans le monde, dont plus de 85% vivent dans les pays en voie de développement, qui sont la cible de campagnes agressives en faveur du tabac. Pour le représentant de l'OMS, il est clairement établi que l'exposition à la publicité directe ou indirecte en faveur du tabac ainsi que d'autres stratégies de commercialisation utilisées par l'industrie du tabac poussent les jeunes à faire davantage l'expérience du tabac et accroissent pour eux le risque réel d'en consommer régulièrement. Ainsi, il signale que ce 31 mai, à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, l'OMS lance une campagne « en faveur de l'interdiction totale de la publicité, des produits du tabac » et cela, dans tous les pays. Cette action représente surtout une nouvelle riposte face aux stratégies des industriels du secteur qui « dépensent chaque année des dizaines de milliards de dollars pour commercialiser leurs produits ». Et donc inciter les jeunes à fumer. Pour l'OMS, cette campagne se justifie, d'autant plus que « la moitié des enfants vivent dans des pays qui n'interdisent pas la distribution gratuite de produits du tabac ». Elle s'appuie également sur des études comparant la situation avant et après une interdiction totale de la publicité. « La diminution de la consommation (dans ces conditions) peut atteindre 16% », ajoute-t-elle. Actuellement, seulement 5% de la population mondiale est protégée par une législation relative à l'interdiction de fumer et de faire la publicité sur les produits du tabac », lequel, rappelons-le, tue 4,9 millions de personnes par an dans le monde. Un chiffre qui devrait atteindre 8 millions d'ici à 2030.