One, two, three, viva l'Algérie, ouel Gaïd Salah diktatouri !» (Un, deux, trois, vive l'Algérie et Gaïd Salah est un dictateur) a été le slogan-phare clamé hier à Constantine par des milliers de manifestants lors du 31e acte du mouvement populaire. Une marche qui a marqué les esprits par son ampleur et son envergure qui n'a pas été connue depuis plusieurs semaines dans la ville du Vieux Rocher. Elle a rappelé les belles ambiances des mois de mars et d'avril. Une note d'espoir donnée par un peuple décidé à aller jusqu'au bout de ses revendications pour le départ de tout le système. L'événement a été aussi une occasion pour montrer au général-major Ahmed Gaïd Salah que le peuple est toujours uni et n'acceptera jamais de reculer en dépit des intimidations, des menaces, des tentatives de briser le hirak, surtout après la décision du «Gaïd» de fermer les accès à la capitale pour les manifestants des autres wilayas. «Ya lelaâr, ya lelaâr, el âssima taht el hiçar !» (Quelle honte, la capitale en état de siège), ont scandé des manifestants qui n'ont pas manqué de renouveler leur refus de l'élection du 12 décembre. «Makanche el vote, dirouna les menottes !» (Il n'y aura de pas de vote, mettez-nous les menottes), ont-ils répété devant le siège de la cour de Constantine, mais aussi devant la bâtisse imposante de la prison du Coudiat, encerclée par un important dispositif des forces de police. Là, des appels ont fusé réclamant la libération des détenus d'opinion, notamment les trois activistes du hirak à Constantine, Mohamed-Tahar Bouteche, Hassan Ramdani et Mohamed Bekkouche, mais aussi tous ceux qui ont été arrêtés ces derniers jours comme Samir Benlarbi et Fodil Boumala. «Le mouvement qui a surmonté tous les obstacles durant plus de six mois ne pourra jamais être arrêté, malgré toutes les menaces de Gaïd Salah et tout le cinéma que le pouvoir est en train de jouer à la télévision publique, car le peuple refuse toujours des élections tenues par les résidus du système», a affirmé une manifestante. Le message d'hier a été clair et net, sauf si le général-major s'entête à décider seul du destin d'un peuple qui refuse toujours le pouvoir des militaires. «Nous en avons marre du pouvoir des généraux, ce sera nous ou Gaïd Salah, car le peuple a toujours réclamé un Etat civil et non militaire», nous a confié un habitué du hirak à Constantine. Si le ton a été donné hier avec toute sa vigueur dans une marche grandiose, rendez-vous est déjà pris pour le 32e vendredi qui promet d'être encore plus intense.