Même s'ils n'ont plus à démontrer leur engagement sans faille contre le système honni et pour l'instauration d'une démocratie véritable depuis le début du hirak, le 22 février dernier, les Annabis sont descendus plus nombreux encore dans la rue hier. Par milliers et parés des couleurs nationales, les habitants de la ville côtière auxquels se sont joints des avocats, des médecins et des professeurs d'université brandissant des banderoles ont marché pacifiquement autour du Cours de la Révolution et le long du boulevard menant vers le siège de la wilaya, en ce 31e vendredi consécutif. Répondant à leur manière au discours menaçant qu'a prononcé le général-major Ahmed Gaïd Salah à Tamanrasset mercredi, les citoyens ont vivement contesté la mesure d'interdiction d'accès à la capitale aux manifestants venus de l'intérieur du pays, que ce dernier a ordonnée à la Gendarmerie nationale. Une mesure que les manifestants ont assimilée, comme attendu, à une injonction arbitraire et à une atteinte à la liberté de circulation et d'expression garantie à tous les Algériens par la Constitution nationale. Repris à l'unisson, le slogan "Ya lilâar, ya lilâar el âssima taht el hissar ! Ya lilâar Djazaïr taht el istiîmar !" (Ô la honte, la capitale en état de siège ! Ô la honte, l'Algérie est de nouveau colonisée) a été adressé directement au général. Accusé d'être le principal instigateur du système répressif qui est graduellement mis en place dans le but d'étouffer les revendications du mouvement populaire, celui-ci a été conspué aux cris de "Chaâb yourid isqat Gaïd Salah !" (Le peuple veut le départ de Gaïd Salah) et le désormais consacré "Dawla madania machi âaskaria" (Nous voulons un Etat civil et non pas une dictature militaire). L'arrestation et la mise sous mandat de dépôt d'activistes du hirak et de représentants de partis d'opposition ces derniers jours ont été également dénoncées avec vigueur par les participants à cette marche, lesquels ont exigé la libération immédiate des détenus d'opinion. Tout comme ils ont rejeté de manière massive la tenue d'une élection présidentielle organisée et contrôlée par les rescapés du régime déchu, le 12 décembre prochain, comme s'entêtent à le soutenir les tenants du pouvoir en place. À ceux-ci, les Annabis ont dit à l'unisson et pour la énième fois : "Makanch intikhabat mâa el-îssabat" et "T'voti ouahdek". A. Allia