Etudiants et les enseignants universitaires continuent de marquer l'actualité du mouvement populaire du 22 Février. Hier, la 30e marche a aussi drainé un nombre important de citoyens. Désormais, on ne peut plus imaginer un mardi de la semaine à Constantine sans assister à cet élan devenu traditionnel animé par les étudiants et les enseignants universitaires et qui continuera toujours de marquer l'actualité du mouvement populaire du 22 février. Hier, la 30e marche, qui a drainé aussi un nombre important de citoyens, a porté quand même un cachet particulier puisqu'elle survient 48 heures après la répression qui a marqué la marche pacifique de dimanche dernier organisée suite à des appels lancés sur les réseaux sociaux pour exprimer le refus de l'élection présidentielle que le pouvoir s'obstine à vouloir tenir contre la volonté de la majorité populaire. C'est ainsi que l'ombre des trois détenus d'opinion arrêtés dimanche et mis en détention préventive dans la journée de lundi par le juge instructeur près le tribunal de Ziadia a plané sur le mouvement qui a suivi son parcours traditionnel au centre-ville, avec la présence discrète mais bien remarquée d'agents des services de sécurité en civil, avec un dispositif policier déployé devant les institutions judiciaires. C'est en présence de leurs familles que les portraits de Mohamed-Tahar Bouteche, Hassan Ramadani et Mohamed Bekkouche ont été portés par des dizaines de manifestants réclamant leur libération. «Libérez khawatna !» (Libérez nos frères), «Addou ouled El Gaïd ou talqou ouladna !» (Prenez les enfants du Gaïd – Gaïd Salah s'entend – et libérez nos enfants), «Ouled El Gaïd darou hala, winek yal âdala ?» (Les enfants du Gaïd ont fait pire, mais où est la justice ?) ont-ils scandé lors de deux haltes marquées devant le siège de la cour de justice à la place du 1er Novembre et celui du tribunal de la rue Boudjeriou. Le refus de la tenue de la prochaine présidentielle fixée pour le 12 décembre a été encore une fois le fait marquant de cette marche qui s'est déroulée sans incidents. Une réponse claire et sans ambiguïté malgré toutes les manœuvres opérées par le pouvoir à travers les médias publics faisant croire à une pseudo adhésion populaire. «Makanche el vote wallah ma ndirou !» (Il n'y aura pas de vote) «Manache habssine y hnaya ya ntouma !» (On ne s'arrêtera pas, ce sera nous ou vous), ont-ils lancé en défiant surtout l'autorité des généraux qui veulent décider de l'avenir du peuple. D'ailleurs, c'est le général-major Ahmed Gaïd Salah qui recevra pour son compte toute la grogne populaire à travers une marche qui s'est voulue aussi un message pressant adressé à la majorité silencieuse qui continue d'observer sans réagir. «Ya mouwatene ya dahia, akhroudj charek fel qadia !» (Ô citoyen victime, sort défendre la cause), ont lancé des manifestants qui ont tenu à ce que leurs marches soient toujours pacifiques, malgré toutes sortes de provocations orchestrées par le pouvoir en vue de casser le mouvement populaire.