Au premier jour de la rentrée, enseignants et élèves ont rencontré les mêmes problèmes que l'année dernière. Les syndicats déplorent la persistance de cette situation. Neuf millions d'élèves ont pris, hier, le chemin de l'école, à l'occasion de l'année scolaire 2019-2020. Mais au-delà de ces chiffres, les partenaires sociaux soulignent une situation particulière, à bien des égards, en pointant du doigt, non seulement l'accumulation des problèmes non réglés de l'année dernière (surcharge des classes, manque d'enseignants, etc.), mais aussi l'accentuation de la dégradation socioéconomique du pays, dont l'école n'est pas épargnée. À ce propos, le coordinateur national du Syndicat des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, estime qu'il s'agit d'"une rentrée particulière, du fait que la révolution est toujours dans la rue". "Côté social, la situation s'est accentuée, les gens commencent à vraiment sentir les conséquences de la crise économique, en sus des dépenses liées aux vacances, à l'Aïd et à la rentrée, qui ont mis à rude épreuve le budget du smicard", a-t-il ajouté, en qualifiant l'augmentation de la prime de scolarité de "poudre aux yeux". Car "les travailleurs expriment le souhait d'avoir cette prime tout au long de l'année", a-t-il indiqué. Côté pédagogique, Meziane Meriane, qui a rebondi sur des informations insistantes selon lesquelles la réforme de l'examen du baccalauréat est remise à plus tard, a exprimé un tout autre point de vue. Selon lui, "le problème n'est pas là, il faut avoir le courage de spécialiser le baccalauréat et d'assumer. Il faut avoir le courage de revenir à l'ancien système tel qu'il était dans les années 70 et au début des années 80, qui consiste à bonifier les matières essentielles avec un bon coefficient pour que l'élève puisse être admis avec sa spécialité et non pas avec les matières secondaires", a-t-il souligné. Même son de cloche chez le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l'enseignement et de la formation (Satef), Boualem Amoura, qui, en revenant sur les conditions de cette rentrée scolaire, constate que "les problèmes de l'année passée sont toujours d'actualité". À commencer par le fait qu'"on n'a pas construit assez d'établissements pour éradiquer le phénomène de la surcharge des classes. À Alger, vous allez remarquer que la solution provisoire, de l'année passée, dure. Les chalets sont toujours là. Aussi, les cantines scolaires n'ont pas encore ouvert au premier jour, pourquoi ? Parce qu'il y a des fournisseurs qui n'ont pas été payés l'année passée et qui refusent encore d'approvisionner les établissements", a-t-il rappelé. En outre, il y a des établissements qui sont dans un état de délabrement total et avancé à Béjaïa, à Tizi Ouzou, à Adrar, à Relizane, à Chlef et à Blida, à telle enseigne que des enseignants ont été obligés de nettoyer leurs classes pour que les élèves les trouvent propres, a-t-il dit. Interrogé à son tour, le porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, a évoqué les conditions difficiles de reprise pour les parents, notamment la cherté de la vie et les difficultés d'inscription de leurs enfants, mais aussi pour les enseignants qui ont reçu les élèves en rencontrant les mêmes problèmes que les années précédentes, à savoir le manque de moyens et d'effectifs quant à l'encadrement et à la surcharge des classes dont certaines dépassent 46, voire 50 élèves. Enfin, sur le plan social, une bonne partie des syndicats du secteur a boycotté la rencontre avec le ministre, conformément à une position prise par la CSA, le 17 mars, de refuser de prendre part aux rencontres officielles avec l'actuel gouvernement.