Après plus de sept mois de constantes manifestations pacifiques et de grand civisme, le peuple algérien continue de faire preuve de détermination et de stoïcisme rarement égalés. Ne vous y trompez pas, cette «Révolution du sourire», car il s'agit bien là d'une Révolution, ne s'arrêtera pas, elle perdurera !! Et si le pouvoir en place cherchant à ruser et à temporiser s'attend à un essoufflement de ce mouvement, qu'il sache qu'il n'en sera rien. Il y va de la dignité et de la légitimité du peuple algérien trop longtemps asservi et traité avec mépris. La jeunesse algérienne l'a très bien compris, c'est à elle de reconquérir ses droits, ses libertés et sa légitimité. Nous, Algériens et Algériennes, la soutiendrons jusqu'au bout, jusqu'à l'obtention d'une nouvelle République digne de nous, de nos ancêtres, de notre Histoire. Nous n'avons pas peur de vos mesures de rétorsion, arrestations arbitraires et emprisonnements, si tel est le prix à payer pour notre Liberté. Et si vous persistez à rester, c'est tout le pays qu'il vous faudra mettre en prison ! Notre peuple aspire à un avenir meilleur, à construire une Algérie solidaire dont nos ancêtres seraient fiers : Ben M'hidi, Lotfi, Farradj, Si Larbi, Hassiba Benbouali, Khemisti, Malika Gaïd, Djamila Bou Pacha et tant d'autres. Nous emploierons toute notre énergie à édifier ce pays que Boudiaf avait tenté de remettre sur pied, Khemisti avant lui et mon père aussi, tous lâchement assassinés. Nous ferons toute la lumière sur les zones d'ombre de notre Histoire, la liste est longue mais nous rétablirons la Vérité. Il ne s'agit pas là de revanche, loin de moi cette pensée mais de réparer, de guérir de nos blessures encore béantes. Il nous faudra nous armer de patience, de confiance et d'intelligence. Mais nous triompherons car notre combat est juste. Nous devons coûte que coûte nous solidariser. Fini les luttes intestines, les guerres de pouvoir, les intérêts claniques. Montrons au monde entier de quoi nous sommes faits. Notre guerre de Libération n'est pas terminée. Notre soif de justice, d'égalité et d'intégrité est plus vive que jamais. Honorer notre patrie, toute notre raison de vie. Terminé les chasses gardées réservées aux cercles très fermés d'un pouvoir corrompu, les pistons, les humiliations, les violations de droits, les abus, les maltraitances, les les harcèlements… Ce temps-là est révolu et ceux qui l'ont pratiqué et le pratiquent encore devront rendre des comptes au peuple souverain ! La lâcheté et la malhonnêteté partout affichées et récompensées par un pouvoir fourbe ne seront plus tolérées et se verront gravement sanctionnées. Les victimes de ce système éhonté retrouveront leur dignité trop longtemps bafouée. Elles obtiendront réparations et compensations pour tort moral, abus de pouvoir et menaces, intimidations et multiples autres sévices. Au sein de nos institutions règnent la loi de l'omerta, la médiocrité, le chantage professionnel, la guerre des petits chefs imbus d'eux-mêmes et irrespectueux des lois du travail et du minimum de code de conduite professionnelle. Des personnes sans foi ni loi dirigent notre pays, nous représentent à l'étranger sans aucune dignité, asservissent leurs propres concitoyens et nuisent ce faisant à notre patrie fondée sur la fierté, le courage et la solidarité. Ayant vécu, subi des années durant ce maudit système, n'ayant eu de cesse de le dénoncer, de m'élever contre ses pratiques plus que barbares et de l'incriminer, sans aucun respect pour le nom que je porte, bien au contraire ! J'ai vu défiler nombre d'incapables, de bras cassés à des postes qui exigent du savoir-faire, de l'excellence et de la connaissance en gestion du personnel. Parachutés par d'autres de leur espèce, en tout semblables, sans scrupules et se pensant intouchables de par leur appartenance au sacro-saint pouvoir, pouvoir usurpé, pouvoir indigne, ils malmènent et tyrannisent leurs employés et les enfants de chouhada sans état d'âme. Accrochés bec et ongles à leurs postes et à leurs privilèges sans se soucier de l'avenir de leur patrie. Dénués de loyauté à l'égard de ce pays, leur pays qui crie sa souffrance et sa défiance. Les paroles de mon père, feu Colonel Lotfi, résonnent chaque jour à mes oreilles. Lui qui n'avait peur de rien, ni de personne craignait à juste titre de voir «notre» Algérie échouer aux mains des colonels chez lesquels (il) avait observé une tendance aux méthodes fascistes et «rêvent tous d'être des sultans au pouvoir absolu». Ils ont fait main basse sur notre pays, ont fait la ruine de notre peuple, brisé nos rêves mais pas son âme et son esprit. Ils ont sous-estimé notre résilience et ont été pris de court par notre belle et extraordinaire jeunesse qui a hérité du courage et de la vitalité de ses valeureux ancêtres et qui comme eux ne s'arrêtera pas jusqu'à la victoire finale : une Algérie pour tous les Algériens et Algériennes, respectueux des lois et des droits de chacun et de chacune.