Les étudiants, auxquels se sont joints des citoyens, sont sortis en masse hier, lors du 31e mardi de la contestation. Ils étaient nombreux à battre le pavé, depuis la place des Martyrs, lieu habituel de leur regroupement, jusqu'à la Grande-Poste, en passant par les boulevards Larbi Ben M'hidi, Pasteur, Amirouche et Didouche Mourad, confirmant ainsi le regain de la mobilisation enregistré mardi passé. Contrairement à la précédente manifestation de la communauté estudiantine, aucune arrestation n'est à déplorer. Ce 31e mardi était une occasion pour que les étudiants réitèrent, une nouvelle fois, leur rejet du processus électoral en cours. «Pas d'élections avec les bandes !», «Période de transition. Pouvoir au peuple !», ont-ils, entre autres, scandé. Ali La Pointe a été également évoqué lors de cette manifestation dans une nouvelle chanson, entonnée par les étudiants, relative au rejet du «système» en place. Si le pouvoir a décidé de mettre le paquet sur l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, les manifestants eux sont également déterminés à la rejeter en bloc. Beaucoup d'étudiants ont, à cet effet, exprimé leur position via des pancartes qu'ils ont brandies. «Accompagner le peuple, non le réprimer», «Un seul héros, le peuple», ou bien «Je voterai lorsque vous serez partis», sont autant de messages qu'ils ont voulu transmettre. D'autres ont préféré porter les chiffres 7 et 8 qui renvoient à ces deux articles de la Constitution, à savoir «Le peuple est la source de tout pouvoir» (article 7) et «le pouvoir constituant appartient au peuple» (article 8). «On n'est pas contre l'élection en elle-même. On ne veut pas d'une élection qui régénérera le système. On veut une élection qui soit transparente. Et pour cela, il est impératif qu'elle ne soit pas organisée par les résidus de l'ancien système», a déclaré un étudiant. Par la même occasion, les étudiants ont tenu à exprimer, une nouvelle fois, leur solidarité avec les détenus du hirak. «Le peuple ne s'arrêtera pas, jetez-nous tous en prison !», ont-ils scandé. Certains d'entre eux ont brandi des photos de leurs amis ou proches incarcérés à El Harrach. «Ils nous parlent d'une élection transparente alors que des personnes sont en prison pour avoir dénoncé l'ancien régime ou tout simplement participé à une manifestation», criait l'un des manifestants. Ces derniers ont, bien évidemment, et comme à leur habitude, scandé : «Etat civil et non militaire !», un des slogans phares du hirak depuis plusieurs semaines. A noter que durant ce 31e mardi, marqué également par la présence de Benyoucef Mellouk, le dénonciateur des «faux moudjahidine» et des «magistrats faussaires», les policiers n'ont procédé à aucune arrestation. Même leur présence à la place des Martyrs, lieu de départ de la manifestation, était moins importante que la semaine passée. Par ailleurs, le barrage policier fermant habituellement l'accès à la rue Khettabi a été décalé pour être placé à la fin de ce tronçon, permettant aux étudiants d'y accéder. «Il se pourrait que ce soit un changement d'attitude, même si certains disent que le dispositif a été allégé pour que des brigades soient affectées au niveau du Palais du gouvernement à cause de la manifestation des postiers», a déclaré un habitué de ces manifestations du mardi. En tout cas, cette 31e manifestation de la communauté estudiantine s'est déroulée dans le calme et sans aucune tension, comme cela se passait il y a quelques semaines, avant que les services de sécurité ne commencent à procéder à des arrestations.