Dès l'entame de la marche au niveau de la place des Martyrs, les forces de l'ordre ont opéré une trentaine d'arrestations, dont une vingtaine de citoyens venus grossir les rangs des étudiants. Des dizaines de milliers d'étudiants ont battu le pavé, hier, dans la capitale pour exprimer leur rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, dénoncer les arrestations massives des marcheurs et exiger la libération immédiate des détenus d'opinion et politiques. Pour le 30e mardi de mobilisation, le campus a apporté une réponse cinglante au régime en place, qui s'entête à organiser cette joute électorale, multiplie, depuis quelques semaines les arrestations des manifestants, des activistes et des figures du hirak. "Il n'y aura pas d'élection", "Non à une élection avec la bande", "Tirez sur nous si vous le voulez, mais nous ne nous arrêterons pas", "Mettez-nous tous en prison, mais le peuple ne s'arrêtera pas", "Non au forcing", "Les généraux à la poubelle et l'Algérie sera indépendante", "Ya s'hab l'casse-croûte, makanch l'vote" (Allusion faite aux "cachiristes") ou encore "Libérez nos enfants", slogans hostiles au système et à ses symboles scandés par les étudiants qui les ont mis à jour. Contrairement au 29e mardi de mobilisation, la marche d'hier a débuté vers 9h30. Dès son entame à la place des Martyrs, les forces de l'ordre ont opéré une trentaine d'arrestations, dont une vingtaine de citoyens venus grossir les rangs des étudiants. Le cortège drainera davantage de monde dès l'arrivée des manifestants à la rue Larbi-Ben-M'hidi. Tout autour, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé pour empêcher les marcheurs de rallier la Grande-Poste. Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, en ont eu pour leur grade durant toute la marche, où les manifestants scandaient des slogans hostiles à l'organisation d'une élection présidentielle. "Je ne vois pas comment le pouvoir va organiser cette élection. On arrête des citoyens dont le seul tort est d'avoir marché ; on les met en prison et ils veulent qu'on aille voter. J'ai l'impression qu'ils sont en total décalage avec la société et ses aspirations. S'ils n'ont pas compris pourquoi nous sommes sortis le 22 février, ils n'ont qu'à nous le dire, car nous marcherons encore jusqu'à ce que le message du peuple leur parvienne", affirme A. Hassan, étudiant en pharmacie. T. Nassima, elle, plaide pour une transition démocratique, affirmant que "le peuple est la seule et unique source du pouvoir et non l'armée". La marche prendra de l'ampleur à la place Audin, où les manifestants ont scandé : "Oui pour un Etat civil, non pour un Etat militaire." Là aussi, des centaines d'autres citoyens rejoignent les rangs des étudiants. Isolé, un jeune étudiant qui se débarbouillait sera arrêté et jeté comme un malfrat dans un bus de transport des policiers. Alertés, les étudiants encerclent le bus et mettent la pression sur les policiers qui entouraient le fourgon. Les citoyens se joignent alors aux étudiants et mettent la pression sur les policiers qui ont fini par libérer l'étudiant. La même scène se reproduira, à proximité de la rue Ferroukhi (ex-Richelieu) peu avant la fin de la marche. Il aura fallu l'intervention des manifestants pour que l'étudiant ne soit pas embarqué. Une chose est sûre, la marche des étudiants d'hier constitue un indice prometteur au 31e vendredi de mobilisation populaire.