Du moins pour ce qui chez nous est appelé improprement «produits bio», c'est-à-dire un légume ou un fruit considéré comme sain ou naturel, transformé ou conditionné, exempt de tout traitement chimique. En effet, nous expliquent en marge du forum organisé parallèlement à la foire, Irekti Hocine, de l'Institut national de la recherche agronomique algérienne (INRAA) et Arfa Madjid, du collectif Torba, il faut répondre à un cahier des charges avec un suivi régulier sur le terrain. A l'heure actuelle, il faut aller en France ou en Tunisie pour une certification de «produit bio» . Ce que font les producteurs algériens qui exportent leurs produits avec ce label destinés à la commercialisation à l'étranger. La certification obtenue est alors valable à l'international. Ce que nous nommons «bio» parce que c'est cultivé sans apport de produits chimiques par les engrais et les traitements sanitaires est un abus de langage. Il n'y a pas de réglementation et d'agence de certification en Algérie. En Tunisie, 5 organismes de contrôle et de certification du bio agréés par le ministère de l'Agriculture et ceux de l'Hydraulique et de la Pêche se partagent le marché de la certification, car c'en est un. La certification doit suivre tout processus. Un produit bio est avant tout un produit qui respecte une réglementation stricte et très précise qui se trouve détaillée dans un cahier des charges dont l'application est contrôlée par un organisme de certification, lui-même agréé. Et la certification coûte cher et grève le prix de revient, car tout le processus de production doit être certifié. En plus du fait que les engrais, les pesticides et les hormones de croissance sont interdits, tous les autres ajouts, même organiques, doivent être certifiés, ainsi que l'itinéraire technique avec ses intrants. Il faut compter un minimum de 600 000 DA annuellement pour la vérification et le suivi régulier sur le terrain, selon les données fournies par une petite entreprise familiale de production d'huiles essentielles de l'est du pays. De plus, les certifications sont multiples, avec des degrés divers de restriction. Par exemple, la bouillie bordelaise, un fongicide fabriqué à base d'eau, de sulfate de cuivre et de chaux, qui n'est pas un produit chimique de synthèse, est autorisée en agriculture bio, mais nuisible pour l'environnement. Elle peut être portée sur des listes de certification qui la tolèrent, alors que d'autres plus sévères l'interdisent. A défaut, Torba, le collectif de l'agroécologie en Algérie, a mis en place Tafas, (tadhamoun maa el fellah el assli). Un partenariat local solidaire entre des producteurs et des consommateurs qui proposent des fruits et légumes, du lait et du beurre, des herbes, du pain et des œufs sans produits chimiques. C'est un contrat dans lequel chaque consommateur achète à l'avance une part de la production sans intrants chimiques, qui lui est distribuée périodiquement. Cette avance représente une action de solidarité envers l'agriculteur pour préparer la saison. Le producteur s'engage en retour à fournir des produits. Cela fonctionne à Zéralda et Ouled Fayet pour près de 80 couffins (consommateurs) avec une liste d'attente de 600 autres, faute de producteurs à proximité, condition essentielle de ce circuit court.