Les spécialistes du ministère de l'Agriculture sont convaincus que les principaux facteurs pour une agriculture biologique, un créneau encore à l'état embryonnaire, sont réunis en Algérie. Des efforts sont faits pour préserver le patrimoine génétique, et tout traitement phytosanitaire qui dénature le produit est interdit. Facteur favorable : l'agriculture intensive n'est pas encore très développée et l'objectif est d'étendre la surface agricole utile en lui ajoutant d'autres terres. L'agriculture biologique se fera sur les terres qui remplissent certaines conditions, notamment celles de n'avoir pas subi de fertilisation chimique par les engrais pendant au moins trois ans. C'est la période nécessaire pour la conversion d'une terre vers le bio. Des analyses du sol sont nécessaires pour certifier son caractère biologique. Dans ce sens, des parcelles d'une superficie globale de 710 hectares ont été identifiées, cette année, à travers tout le territoire national pour les convertir à l'agriculture biologique, ce qui représente trois fois la superficie recensée en 2010 qui était de l'ordre de 200 ha dont 160 ha consacrés à la datte à Biskra. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural va accompagner les exploitants en vue de convertir leurs superficies en culture bio où sont interdits l'usage d'engrais chimiques de synthèse et des pesticides de synthèse, ainsi que l'introduction d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Les dispositions ont été prises pour élaborer la législation relative aux produits biologiques concernant les règles de production bio et certification. Les produits bio étant souvent destinés à l'exportation, la législation ne doit négliger aucun aspect : modalités d'étiquetage et conditions de stockage, de transport et de commercialisation conformément aux normes internationales. C'est un organisme agréé qui doit engager le contrôle et la certification des produits. Des responsables du secteur de l'agriculture estiment à plus de 60 % la proportion de bio dans la production agricole algérienne, ce qui explique sa compétitivité sur le marché extérieur. On sait que sur ce créneau, l'Algérie privilégie deux produits, le vin et les dattes, mais la psychose qui règne sur le marché des produits agricoles alimentaires en Europe et dans d'autres pays comme les Etats-Unis, peut amener les consommateurs de ces pays à rechercher les légumes frais et les fruits sains qui sont produits chez nous. En effet, les agences de santé publique et autres organismes chargés de la sécurité sanitaire des aliments sont en état d'alerte maximum en Europe et aux Etats-Unis pour faire face au risque qui pèse sur leurs légumes frais après la découverte de la nouvelle souche de la bactérie E. coli qui a déjà tué 18 personnes. L'OMS (Organisation mondiale de la santé) s'est mise de la partie pour traquer ce risque alimentaire. Les beaux légumes à l'apparence au-dessus de tout soupçon, bien exposés sur les étals des marchés, sont devenus subitement dangereux au point de semer la psychose parmi les consommateurs et d'entraîner des pertes financières considérables chez les producteurs de concombres, porteurs de la bactérie tueuse, mais la vie humaine n'a pas de prix. Les contrôles aux frontières, entre les pays concernés, se font stricts et surveillent particulièrement les concombres mais aussi la laitue et les tomates, à la recherche d'aliments coupables pour les empêcher d'entrer dans le pays. La surveillance est même étendue aux fruits et viandes, sait-on jamais.