Contre toute attente, il semblerait que le retrait d'Orascom Telecom du marché algérien ne soit pas aussi sûr qu'il ne paraît. Tandis que l'Etat algérien et le management de la maison mère Orascom Telecom Holding (OTH) ont tous deux officiellement annoncé qu'un terrain d'entente, afin d'entamer des négociations, a enfin été trouvé. Naguib Sawiris, président d'OTH, a fait hier une déclaration pour le moins contradictoire. Ainsi, l'Egyptien, dans un entretien accordé à la chaîne satellitaire Al Arabiya, affirme que la messe n'a toujours pas été dite. « Il y a encore des possibilités qu'Orascom ne se sépare pas de Djezzy, et ce, si les deux parties aplanissent les angles et arrivent à un accord », confie le tycoon égyptien. Tout en affirmant que les pourparlers avec le sud-africain MTN étaient toujours en cours, mais qu'elles en excluent Djezzy, Sawiris poursuit en estimant que « les abonnés locaux qui, de par leur confiance, ont fait le succès remarquable de Djezzy », pourraient aussi peser de tout leur poids sur des négociations que le président d'OTH espère « conviviales ». Pour une source proche de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications, le maintien ou non de l'opérateur dépendra de la proposition qui sera formulée par le gouvernement algérien. « La valeur marchande d'Orascom Telecom Algérie varie entre 5 et 7 milliards de dollars », avance-t-il. Car même si aucune évaluation n'a été effectuée par expertise, il est aisé de calculer sa valeur et ce sur la base de la cotation en Bourse des actions du holding, en y recoupant diverses considérations et indicateurs, comme le positionnement de Djezzy sur le marché algérien, ou encore sa situation fiscale. Cette sortie du grand patron d'OTH intervient alors même que Manal Abdel Hamid, porte-parole du holding, confirmait hier que les autorités algériennes avaient répondu à la requête formulée à la fin de la semaine dernière. Elle n'a toutefois pas précisé qui était à l'origine de cette missive. « Nous avons reçu, en guise de réponse, une manifestation de la volonté de l'Etat algérien à engager des négociations. A présent, nous attendons qu'il nous appelle afin d'organiser des discussions », a-t-elle expliqué. La représentante de l'opérateur a toutefois ajouté que le gouvernement n'avait toujours pas désigné l'entité ou la personne qui aura à charge la phase de cette « affaire à rebondissements » qu'est Djezzy. Selon une source qui a traité le dossier, la décision émane de la chefferie du gouvernement. Et afin de mener à terme les tractations, il sera assurément désigné une commission interministérielle, composée du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), ainsi que du ministère des Finances. « Et ce de la même manière avec laquelle la licence de téléphonie mobile a été accordée à Orascom », est-il expliqué.