Jacques Chirac, le 22e président de la République française, est décédé ce 26 septembre, à l'âge de 86 ans, annonce faite par son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Avec près d'une quarantaine d'années de vie politique, Jacques Chirac laisse l'image d'une personnalité débonnaire, chaleureuse et humaine, mais aussi d'un «animal politique» ambitieux, comme dira de lui un de ses ancien ministres. C'est en Corrèze que Jacques Chirac avait lancé sa carrière, avant de devenir maire de Paris, ministre, puis Premier ministre et enfin président de la République. Entré au gouvernement à seulement 37 ans, il est Premier ministre en 1974. Après deux échecs à la présidentielle, il finit, en 1995, par être élu président de la République, puis réélu en 2002. Le 21 avril 2002, Jacques Chirac se retrouve, à la surprise générale, face à Jean-Marie Le Pen. Lionel Jospin, candidat socialiste, est battu dès le premier tour. A l'élection présidentielle de mai 2007, il est battu par Nicolas Sarkozy. Dans une allocution radiotélévisée, le Président sortant faisait cette recommandation aux Français : «Restez toujours unis et solidaires. Bien sûr, nous sommes profondément divers. Bien sûr, il peut y avoir des différences de conception, des divergences de vues. Mais nous devons, dans le dialogue, dans la concorde, nous retrouver sur l'essentiel.» «Dès demain, avait-il annoncé, je poursuivrai mon engagement dans ces combats pour le dialogue des cultures et pour le développement durable», à partir d'une fondation qu'il devait lancer à l'automne 2007. Jacques Chirac était affaibli depuis plusieurs années, avant de s'éteindre ce jeudi 26 septembre. Interrogés sur ce qu'ils garderont de l'ère chiraquienne, les Français citaient alors spontanément son opposition à la guerre en Irak, en 2003. En effet, c'est en politique étrangère que Jacques Chirac s'était le plus distingué au cours de ses deux mandats présidentiels, par des déclarations et des gestes concrets mais aussi des ratages, comme le pacte d'amitié avec l'Algérie qu'il n'a pas concrétisé. Sur une intervention militaire américano-britannique en Irak, en 2003, le président Chirac avait opposé son veto au Conseil de sécurité des Nations unies. Cet épisode avait aussi renforcé sa popularité dans l'opinion arabe, qui ne s'était pas démentie depuis son altercation avec les forces de sécurité israéliennes à Jérusalem lors d'un déplacement en Israël et dans les Territoires palestiniens en 1995. Après l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en février 2005, Jacques Chirac, avec le soutien décisif de Washington, avait réussi à convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU de contraindre la Syrie à se retirer de ce pays. Lors de l'intervention armée d'Israël au Sud-Liban en juillet 2006, il décidait d'envoyer des soldats français renforcer la force de l'ONU (Finul) dans la région. Au Maghreb, Jacques Chirac avait pris le parti du Maroc dans le conflit qui l'oppose au Front Polisario sur le Sahara occidental. Jacques Chirac, qui avait fait de la politique étrangère de la France «un domaine réservé» du président de la République, s'était voulu dans la continuité du général de Gaulle en matière de politique arabe, allant toutefois, à la différence du général de Gaulle, jusqu'à entretenir des relations personnelles avec certains dirigeants et leaders politiques arabes mais aussi africains. C'est le cas avec la monarchie marocaine, ou avec la famille Hariri, qui avait mis à sa disposition, lorsqu'il avait quitté le pouvoir, son appartement parisien. Avec l'Afrique, Chirac avait poursuivi la politique initiée sous de Gaulle par Jacques Foccart, secrétaire général de l'Elysée et patron des services secrets.