Désormais, une nouvelle page sera ouverte entre la France et les pays arabes. Fin de règne. Jacques Chirac quitte ce soir l'Elysée, douze ans après son élection. Nicolas Sarkozy lui succède. Demain aura lieu la passation de pouvoir. Jacques Chirac remettra les clés du Palais présidentiel au nouvel élu. La France vient ainsi d'ouvrir une nouvelle page. Une génération «jeune» arrive au pouvoir. Tantôt critiqué, tantôt adulé, le président sortant ne laisse pas indifférent. Beaucoup de pays cependant «regrettent» le départ de Jacques Chirac, les pays arabes notamment. Ceux-ci viennent de perdre l'un des présidents occidentaux considérés comme étant les plus proches du monde arabe. On a reproché à Jacques Chirac d'avoir privilégié les relations personnelles (avec les dirigeants arabes), mais il n'en reste pas moins que tout le monde vit dans l'angoisse et le stress quant à la nouvelle politique étrangère que compte initier le président élu, Nicolas Sarkozy. La politique de la France a été, depuis Charles de Gaulle, ouverte sur les pays arabes. Parler de «la politique arabe», c'est évoquer systématiquement la situation du Poche-Orient et la guerre en Irak. Jacques Chirac a été le seul chef d'Etat occidental à avoir tenu tête aux Américains et dénoncé l'invasion irakienne. Beaucoup d'observateurs estiment que la France, s'est créée, «gratuitement» des ennemis. Amie et alliée des Etats-Unis, la France, version Chirac a toutefois, assumé toutes les conséquences de son indépendance vis-à-vis de la superpuissance américaine. D'ailleurs, un climat froid et tendu a caractérisé les relations entre Paris et Washington, ces dernières années. La question palestinienne est un autre signe fort de la solidarité de la France avec les Arabes. Il suffit juste de se rappeler la polémique qu'a suscitée le voyage de Jacques Chirac en Palestine, en 1996, avec l'incident ayant opposé le président français aux services de sécurité israéliens par trop zélés qui prétendaient l'empêcher de visiter Al Qods (Jérusalem-Est). Jacques Chirac n'a pas manqué d'apostropher les Israéliens qui n'ont pas cessé leur «provocation», déclarant notamment: «Cessez vos provocations. Vous n'avez pas de place ici.» M.Chirac ne s'est calmé que lorsque l'ancien Premier ministre israélien, Benyamin Natanyahou, s'est officiellement excusé, au nom d'Israël auprès du président français. C'est là l'un des épisodes qui caractérisent la constance du président Chirac dans ses relations avec le monde arabe. A ce propos, le défunt Rafic Hariri, ancien Premier ministre libanais, avait témoigné que Jacques Chirac avait déclaré aux diplomates arabes, en poste à Israël, lors d'un dîner organisé en son honneur: «Je me suis retrouvé plus engagé pour la cause arabe que quelques chefs des pays arabes eux-mêmes.» Jacques Chirac s'est distingué, également de par son engagement aux côtés du Liban, une grande amitié l'attachant à la famille Hariri et particulièrement à Rafic Hariri. Après l'assassinat de ce dernier, le président français s'est totalement engagé pour que la vérité soit faite sur l'assassinat de son ancien ami, jusqu'à devenir, selon des observateurs, un «homme politique libanais». Maintenant que l'«ami» Chirac a quitté les affaires de la République française, il y lieu de s'interroger sur ce que réserve la politique arabe que compte mettre en place son successeur à l'Elysée et sa position sur le contentieux récurrent du Proche-Orient (occupation des territoires palestiniens par Israël) et de la guerre en Irak. La question qui se pose est de savoir si Nicolas Sarkozy aura envers le monde arabe, cette ouverture qui a été celle de ses prédécesseurs et singulièrement celle du président sortant, Jacques Chirac. Difficile de répondre à cette question. Toutefois, à travers ses discours et les esquisses de sa politique internationale, on peut cerner, plus au moins, la prochaine politique de l'Elysée envers les pays arabes. Les observateurs estiment que Nicolas Sarkozy étant issu du courant de droite, il adopterait les mêmes principes de politique internationale que ses aînés, du moins pour ce qui concerne les pays arabes. Il a déjà annoncé la couleur. Sur la situation en Irak, Nicolas Sarkozy, infléchissant sa position jugée alors trop pro-américaine, a adopté un profil bas sur la guerre en Irak, corrigeant la mauvaise impression qu'il laissa lors de son «escapade» new-yorkaise de septembre 2006 où il déclara à une chaîne de télévision française: «Les Américains sont nos amis, mais nous ne sommes pas leurs auxiliaires. Nous serons exigeants». Aussi, les prochaines sorties diplomatiques de M.Sarkozy seront attendues avec curiosité, notamment ses prises de positions officielles sur le volet arabe et les dossiers palestinien et irakien.