La Journée internationale des droits de l'enfant célébrée hier dans le monde entier a été une occasion pour les familles des disparus, en Algérie, de descendre dans la rue pour dénoncer les conditions « intenables » dans lesquelles vivent les enfants de disparus. Outre la recherche de leurs proches, une autre bataille s'ajoute à ces vaillantes femmes. Très tôt le matin, une dizaine de familles de disparus s'est rassemblée en face du ministère de la Défense nationale (Alger), répondant à l'appel de SOS disparus et du Collectif des familles de disparus en Algérie. A peine arrivées sur les lieux du rassemblement, les familles ont dû faire face à un important dispositif de policiers qui a été déployé pour l'occasion. Bousculées et malmenées, les familles ont été contraintes de tenir leur sit-in loin de l'infranchissable ministère de la Défense. « On nous interdit encore une fois de plus de crier notre colère contre une injustice qui n'a que trop durée. A celle de nos fils disparus, s'ajoute celle de nos petits enfants », a clamé Mme Fatma Yous. Les associations des familles de disparus s'élèvent contre « la violation du droit à l'éducation, à la sécurité sociale des enfants de disparus, car l'accès aux prestations sociales et à la prime scolaire est déterminé par la preuve de l'absence du soutien de famille ». Mais ce qui révolte le plus les familles des disparus c'est l'intrigante obtention de la carte d'identité nationale pour cette catégorie d'enfants, indispensable pour passer le baccalauréat. « La mère n'étant pas titulaire de l'autorité parentale dans le cadre du mariage, la délivrance de la carte d'identité nationale ne peut être remise à l'enfant que sur preuve de l'absence du père. Or, cette preuve est quasi impossible à établir », ont fait savoir les familles dans leur communiqué. Abracadabrante situation, car face à ce dilemme, les familles se retrouvent obligées « d'accepter l'établissement d'un jugement de décès fictif du parent disparu, sans que le sort réel de ce dernier ne soit élucidé ». Il s'agit là d'une « atteinte aux droits des enfants de disparus ». Les associations des familles de disparus ont dénoncé des atteintes « discriminatoires et inacceptables ». Elles ont exigé, en effet, que des mesures soient prises pour « assurer à leurs enfants la réparation pleine et entière des préjudices ainsi que le respect sans discrimination de l'ensemble des droits garantis par la Convention internationale des droits de l'enfant. Les enfants des disparus ont le droit de savoir le sort subi par leurs parents ». Ainsi, les familles de disparus ont jugé que le droit à la vérité des enfants des disparus est « violé par le refus des autorités algériennes de mener des enquêtes sur le sort de leurs parents ». Alors que la Convention internationale des droits de l'enfant prévoit dans le cas de « la séparation résultant de mesures prises par un Etat partie, telles que la détention, l'emprisonnement, l'exil, l'expulsion ou la mort, découle de mesure par un Etat partie, l'Etat partie donne, sur demande, aux parents, à l'enfant, ou s'il y a lieu, un autre membre de la famille, les renseignements essentielles sur le lieu où se trouvent le membre ou les membres de la famille ». L'Algérie, faut-il le rappeler, est signataire de ladite Convention.