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Dr Mourad Preure. Expert pétrolier international, président du cabinet Emergy International Strategic Consulting : «Le retour au contrat de partage est la clé»
Publié dans El Watan le 01 - 10 - 2019

– L'avant-projet de loi sur les hydrocarbures a été présenté au Premier ministre et l'accent a été mis, dit-on, dans ce projet sur le maintien de la règle 51/49 et l'attractivité des investissements étrangers. Comment attirer de nouveaux investisseurs avec le maintien de la règle 51/49, d'autant qu'un bilan de Sonatrach indique que la part revenant aux partenaires étrangers (selon les contrats PSC) ne varie qu'entre 14 et 23% ?
Il faut savoir que le partenariat est consubstantiel à l'activité pétrolière. Qu'une compagnie opère sur son sol national ou en international, elle est très rarement présente à 100% sur un permis d'exploration. L'amont pétrolier est une activité à risques.
Risques géologique, commercial, financier, risque géopolitique. C'est, de plus, une activité intensive en capital. Il faut donc partager le risque, ce que Sonatrach a toujours fait dans ses activités d'exploration en Algérie. La loi 86/14 avait permis le retour à l'expansion de l'industrie pétro-gazière en Algérie.
Dans des conditions excessivement difficiles – la décennie noire –, les compagnies pétrolières internationales sont venues investir, apporter leur technologie et permettre la mise en évidence et l'exploitation d'une nouvelle province pétrolière, le bassin de Berkine où ont été découverts des gisements géants (plus d'un million de barils de réserves), Orhoud, HBNS, etc. Le principe du 51/49, présent dans la loi, n'avait pas découragé ces compagnies, pas plus que le risque terroriste, il faut le noter.
Lorsque nous faisions du lobbying pour la promotion du domaine minier national, notre argument-clé était que notre domaine minier est prospectif, à fort potentiel, d'une part, que notre cadre juridique et réglementaire était stable, d'autre part.
Vingt ans durant, la réglementation n'a pas changé, ce qui rassurait les compagnies pétrolières qui n'aiment pas trop le changement qui ajoute à tous les risques le risque juridique. Puis, en l'espace d'une année (2005 et 2006), la réglementation a changé deux fois, puis à nouveau en 2013.
Cela a brouillé l'image de notre pays et fait fuir les compagnies pétrolières au moment où l'investissement dans l'exploration-production dans le monde atteignait son pic historique, soit 721 milliards de dollars. Il y a eu une désaffection pour notre pays qui s'est traduite par l'échec des appels d'offres lancés.
La conséquence est un désinvestissement, particulièrement sur Hassi Messaoud et Hassi R'mel, outrageusement surexploités plus d'une décennie durant. Ces gisements représentent 70% de notre production, c'est dire ! Nous en voyons les effets aujourd'hui avec la baisse de notre production de l'ordre de 18% depuis les années 2006-2008, ainsi que nos exportations.
– Où se situe l'erreur dans l'ancienne formule de partenariat justifiant un changement de loi ?
J'ai toujours appelé au retour à la loi 86/14. Le cœur de cette loi est le contrat de partage- production. Quelques explications : dans ce contrat, l'Etat accorde le permis d'exploration à Sonatrach, sa propriété (constitutionnellement inaliénable, incessible et insaisissable, les fameux trois «i») et son bras armé dans le domaine pétrolier.
Sonatrach signe un contrat, qui relève non du droit minier mais du droit commercial avec un partenaire étranger. Dans ce cadre partenarial, la compagnie étrangère assure la totalité de l'investissement et prend le risque exploratoire, elle apporte, de même, sa technologie. En contrepartie, s'il y a découverte, elle a droit au remboursement de ses investissements, ce qu'on appelle le «cost oil», elle a droit aussi à un bénéfice qu'on appelle le «profit oil».
Cost oil et profit oil sont payés en nature (pétrole ou gaz) par Sonatrach qui les comptabilise comme dette fictive. S'il n'y a pas de découverte, le partenaire perd son investissement. La compagnie étrangère n'a aucun droit sur les réserves, propriété exclusive de Sonatrach. Elle devient propriétaire des hydrocarbures découverts au point de comptage à la frontière et non en tête de puits.
Ce type de contrat soulage Sonatrach de tout investissement dans l'exploration, protège la souveraineté nationale sur les ressources et reporte le risque exploratoire sur le partenaire étranger qui ne peut ouvrir droit qu'au maximum de 49% des hydrocarbures découverts tout au long de la vie du gisement. La loi de 2005 est fondée sur une autre logique et nous ramène carrément au système des concessions, ce qui est un grave recul.
Au terme de ses amendements de 2006, elle oblige Sonatrach à investir à hauteur de 51%, et donc à partager le risque. Initialement vue comme une ouverture totale de l'amont algérien, amendée ensuite pour en réduire sa portée, elle s'est révélée difficilement applicable, inutilement complexe et comportant des aberrations, comme le caractère rétroactif de la taxe sur les profits exceptionnels.
Ce qui a valu à notre pays de sévères préjudices suite à des procédures d'arbitrage engagées par les compagnies Anadarko et Maersk. Au final, elle a brouillé l'image de notre pays, découragé les compagnies pétrolières où la concurrence des pays producteurs pour attirer les investissements se faisait pressante.
– En attendant d'avoir les détails de l'avant-projet de loi, un communiqué du gouvernement note qu'il s'agira de «mettre en place un système juridique, institutionnel et fiscal stable de nature à booster l'investissement à long terme sans porter atteinte aux intérêts nationaux». Quelle est, à votre avis, la meilleure formule pour renforcer les capacités de production nationales et garantir un partenariat gagnant-gagnant ?
A présent, l'investissement mondial dans l'exploration-production a baissé de plus de
1000 milliards de dollars depuis la dépression de 2014. En même temps, la concurrence en pays producteurs se fait plus intense. Notre domaine minier est prospectif, autant en conventionnels que, particulièrement, en non conventionnels.
Le potentiel d'accroissement du taux de récupération de nos gisements, donc d'augmentation de la production et l'allongement de la durée de vie, est, sans aucun doute, conséquent. Notre position géographique est un facteur-clé de succès important. D'un autre côté, nous souffrons d'une baisse tendancielle de notre production et de nos exportations avec une demande interne boulimique.
Sonatrach est partagée entre l'exigence de satisfaire la demande interne, d'une part, et, d'autre part, la nécessité de procurer à notre économie les ressources financières nécessaires au développement national. Cela, rappelons-le, dans une situation difficile où la production décline du fait d'un désinvestissement depuis une quinzaine d'années, et face à une désaffection des compagnies pétrolières pour l'amont algérien.
Il est logique qu'elle appelle avec insistance à revoir le cadre juridique. Le retour au contrat de partage production en est la clé. Les compagnies pétrolières connaissent ce type de contrat, leurs juristes en dominent toutes les subtilités, ce qui les rassure incontestablement et ouvre des perspectives nouvelles au partenariat international dans notre pays.
– La nouvelle loi devrait aussi mettre l'accent sur la production offshore. Quel est le potentiel offshore dont dispose l'Algérie ?
L'offshore algérien est complexe. Dans l'Est algérien, la profondeur est moyenne à faible, avec la présence dans certaines zones d'un plateau continental, donc à faible profondeur.
L'Ouest algérien se caractérise par de grandes profondeurs et peut être classé dans l'offshore profond «deep offshore», nécessitant plus d'investissements et de technologies néanmoins parfaitement maîtrisées par les compagnies pétrolières (Brésil, Golfe du Mexique, etc.).
Nous sommes dans la phase de prospection et d'évaluation du potentiel (Ténès, Béjaïa, Est algérien). La nouvelle loi doit prendre en considération ces paramètres et être particulièrement attractive car le risque exploratoire est ici amplifié par l'importance des investissements engagés.
– Que pensez-vous de l'affaire de la vente des actifs d'Anadarko et quel serait son impact sur la Sonatrach ?
Sonatrach a une longue tradition de négociation de partenariats complexes. Nous devons leur faire confiance. La compagnie Total a acquis pour 8,8 milliards de dollars les actifs africains d'Anadarko, dont les actifs algériens.
Parmi les actifs africains, il y a l'Est africain (Tanzanie, Ghana, Mozambique) qui sont de futurs concurrents gaziers importants pour l'Algérie, notamment avec des capacités de liquéfaction ; il y a aussi l'Afrique du Sud. Dans la mesure où les actifs algériens d'Anadarko relèvent de la loi 86/14, avec une fiscalité confortable qui réduit la part du partenaire de 60 à 70%, le risque sur la souveraineté nationale est quasi nul.
Ces actifs se résument à une participation de 24,5% d'une production de 260 000 barils/jour dans les blocs 404a et 208 du bassin de Berkine. Sonatrach peut légalement exercer son droit de préemption sur ces actifs, avec un coût financier qu'il faut arbitrer avec les exigences actuelles de l'économie nationale. Elle peut aussi négocier avec Total pour entrer dans les actifs africains acquis et qui seront de redoutables concurrents demain.
Je pense que les responsables de Sonatrach prennent en compte tous ces paramètres pour préserver au mieux l'intérêt national et trouver des voies d'expansion pour Sonatrach. J'ajouterai que, par le passé, des opérations d'acquisition ont concerné des actifs dans l'amont algérien où l'Etat pouvait exercer son droit de préemption mais ne l'a pas fait.
On peut citer l'absorption par BP de la compagnie Arco présente sur le gisement de Rhourde El Baguel, de l'entrée de Statoil à In Salah, de l'acquisition des actifs algériens de Talisman par Petrocanada et d'autres encore, Enel, RWE, ENI.
Je crois, au final, que la priorité stratégique est le renforcement de Sonatrach et de sa position concurrentielle internationale. Renforcer Sonatrach sur les plans managérial et technologique lui permettra de monter des partenariats complexes et d'élargir sa base de réserves en international. Ceci est un impératif stratégique et une question fondamentale de souveraineté.
– Quelle place devrait avoir le renouvelable dans la stratégie de développement de la Sonatrach ?
Sonatrach a pour mission, notamment, d'assurer les équilibres énergétiques nationaux à long terme. Notre demande nationale est excessivement dynamique et connaîtra une croissance exponentielle les années futures pour soutenir le développement industriel ainsi que celui des territoires.
Nous avons un ensoleillement exceptionnel de 3500 heures sur 86% du territoire, le Sud, et 2650 heures pour le Nord. Chaque km2 de notre territoire peut générer 2000 KWh. Avec cela, nous restons à la traîne en matière de développement des renouvelables.
Sonatrach peut et a les moyens d'être la locomotive de la transition énergétique dans notre pays. Elle est en mesure de monter des partenariats internationaux, profitant de la crise que vit l'industrie européenne des renouvelables, confrontée à la violente concurrence asiatique. Nous avons aussi du gaz, ce qui nous permet de développer des centrales hybrides solaire-gaz avec un coût du KWh très compétitif.
En clair, la transition énergétique ne doit pas se résumer à l'importation de systèmes solaires ou éoliens, mais prendre la dimension d'une véritable ambition industrielle qui entraîne dans son sillage industrie, universités et recherche nationale. Elle conduira à l'émergence d'un champion industriel et technologique national dans la transition énergétique. Sonatrach a tous les traits de ce champion.


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