Cette rencontre scientifique est organisée par la Faculté d'économie de l'université de Tizi Ouzou. L'analyse de l'économie algérienne aujourd'hui montre qu'après plus d'un demi-siècle d'indépendance, le pays n'a pas encore su forger une économie forte et compétitive. Ni la fameuse stratégie des industries industrialisantes, ni l'auto-ajustement, ni le FMI avec son plan d'ajustement n'ont pu diversifier l'économie algérienne et rompre avec sa dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière. Le retour à une conjoncture favorable, avec l'augmentation des prix du pétrole depuis le début des années 2000, révèle en fin de compte que l'économie algérienne est toujours aussi dépendante de son pétrole. En définitive, les symptômes du dutch disease (syndrome hollandais), qui a induit une désindustrialisation inquiétante, restent la caractéristique marquante de l'économie algérienne. «Après 50 ans de politique(s) de développement plus ou moins volontariste(s), cette dernière ne parvient toujours pas à neutraliser les ‘‘effets toxiques'' de la rente», a expliqué le Dr Mourad Ouchichi de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa, lors du séminaire ayant pour thème «Les enjeux, opportunités et contraintes des exportations hors hydrocarbures en Algérie», organisé la semaine dernière par la faculté des sciences économiques de gestion et des sciences commerciales de Tizi Ouzou. «En près de soixante ans de développement, l'Algérie présente aujourd'hui une économie paradoxale empreinte de controverses et d'incertitudes. La rente pétrolière à laquelle elle est arrimée depuis son indépendance est symptomatique des voies du développement du pays, ses choix économiques et sociaux et sa destinée. Si le lien à la rente est un fait indéniable, son degré est sans doute diversement apprécié selon les différentes phases du développement du pays», a souligné, pour sa part, Kamel Moulaï, maître de conférences à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Pour Ouahiba Boukhendouni, de l'université de Blida, la diversification économique est considérée comme un enjeu important pour les politiques commerciales, notamment dans les pays exportateurs de pétrole. «La Malaisie est l'un des pays qui a adopté une politique de diversification des exportations depuis son indépendance, le pays est considéré par le FMI comme une référence dans le domaine de la diversification des exportations. L'Algérie s'est engagé dès le début des années 1980 dans un vaste programme de réformes, suite au contre-choc pétrolier de 1986 afin de sortir de la situation mono-exportateur d'hydrocarbures, cependant, les exportations hors hydrocarbures demeurent marginales dans les exportations totales», a-t-elle fait remarquer. Par ailleurs, le Dr Amnache-Chik Sabrina, présidente du séminaire, a précisé qu'il est impératif d'évaluer «les opportunités économiques que pourrait offrir le développement des exportations hors hydrocarbures en Algérie ainsi que les possibilités d'amélioration de la compétitivité des entreprises à l'international, de création d'empois et de diversification de sources de revenus».