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Mouloud Hamrouche remet les pendules à l'heure
Il réitère son refus de participer à l'élection présidentielle
Publié dans El Watan le 03 - 10 - 2019

Dans un laconique communiqué de presse rendu public hier, Mouloud Hamrouche rappelle sa position «claire et inchangée» sur ce que doit être l'issue de l'impasse politique nationale.
Impossible de l'enrôler. Ça sera sans lui. Mouloud Hamrouche ne cède pas aux sirènes de la présidentielle et refuse aimablement les sollicitations aussi désintéressées. Il remet les pendules à l'heure politique. La participation de l'ancien chef de gouvernement (septembre 1989-juin 1991) à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain aurait crédibilisé le scrutin, tant l'homme jouit d'une légitimité doublée d'une respectabilité auprès de larges franges de la société. Cependant, il refuse d'être une caution politique et morale à un processus qui intervient dans une conjoncture assez particulière.
Pour lever toute ambiguïté, Mouloud Hamrouche est revenu à la charge pour clarifier sa position. Dans un laconique communiqué de presse rendu public hier, il rappelle sa position «claire et inchangée» sur ce que doit être l'issue de l'impasse politique nationale. «J'ai eu à prendre une position et formuler mes points de vue sur la situation que vit notre pays, sur l'espoir que nourrissent nos concitoyens ainsi que sur des échéances projetées.
J'ai toujours réfuté la confusion et rejeté la mystification», déclare le chef de file des réformateurs. Il estime «que la nature des exigences du moment ne peut être exaucée par des promesses», mais elle «requiert des engagements des plus clairs, des plus forts, des plus larges et des plus inclusifs», préconise-t-il. A l'adresse des «citoyens anonymes» qui ont lancé des appels sur les réseaux sociaux et qui souhaitent le «voir impliqué dans les joutes électorales», Mouloud Hamrouche réitère sa position de refus tout en précisant que son «engagement demeure total et mon espoir, comme eux, intact».
Ainsi donc, l'ancien chef de gouvernement, qui a pris ses distances avec le pouvoir politique depuis la crise de 1991, ferme définitivement la porte et affaiblit davantage l'option présidentielle. Dans une récente tribune, il avait ouvertement apporté son soutien au mouvement populaire qui remue le pays de bout en bout et estimé que le scrutin présidentiel imposé tambour battant ne saurait à lui seul résoudre la crise d'un système politique en totale faillite. «Le futur Président ‘‘élu'' disposera de quelles forces légales, de quels appuis politique et social, de quels mécanismes décisionnels et constitutionnels», s'interrogeait-il.
Et si, en effet, «la Constitution actuelle lui confère tous les pouvoirs mais sans aucun mécanisme opératoire, toutes ses décisions dépendront du soutien ou non de ses réseaux», jugeait-il encore. Mouloud Hamrouche repose ainsi la problématique de la non-institutionalisation des pouvoirs et la prééminence des réseaux informels qui ligotent l'Etat formel. C'est là que réside le cœur de la crise. Il serait alors difficile, pour ne pas dire impossible, dans ce cas de figure, de voir une institution présidentielle élue dans des conditions contestables redonner de la force et de la légitimité au pouvoir formel.
«Il n'y a pas que la question des conditions d'organisation des élections et ses conséquences. Il y a aussi l'exigence de la séparation de l'Etat, sa pérennité et sa stabilité de la vie d'un Exécutif. Les conditions de la légitimation du gouvernement, de son fonctionnement, de son évaluation et de son remplacement demeurent, elles, tributaires des réseaux qui contrôlent aujourd'hui des administrations gouvernementales et locales et qui possèdent de vrais relais clientélistes. Ils manœuvreront pour bloquer la volonté des Algériens ou à défaut la faire dévier», avait-il mentionné.
Pour le «réformateur contrarié», l'élection présidentielle est une fausse bonne solution. Comment procéder alors pour installer le pays sur la voie de l'émancipation et du développement politique ? Que faire ? L'ancien chef de gouvernement insiste sur la nécessité d'établir «des passerelles et des confiances entre ces deux corps vitaux de l'Algérie, le peuple et son Armée nationale populaire. Qu'émergent des médiations porteuses de capacité, de vertu et d'honnêteté pour contribuer et aider à libérer le pays et l'armée des pièges de ce système mortel.
Heureusement ou malheureusement, la grosse part de ces tâches et de ces initiatives revient au commandement de l'ANP», préconise l'homme qui continue d'incarner un certaine courant réformateur. Il est ferme quand il exige d'arrêter «de fabriquer des fictions et des promesses mensongères. Arrêtons de parler de faux conflits et de fausses solutions». Pour lui, «le choix n'est pas et ne doit pas être entre le système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure». Et d'affirmer que «le peuple est en processus constituant tous les vendredis et sa jeunesse estudiantine tous les mardis depuis plus de sept mois.»


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