L'absence de ces deux commodités pénalise les malades dont les interventions chirurgicales se retrouvent annulées. les malades et le personnel de l'hôpital Ibn Sina, relevant du centre hospitalier universitaire (CHU) de Annaba sont en souffrance. En cause, cet hôpital est sans eau depuis déjà trois années. En l'absence d'une alimentation permanente, d'une bâche à eau en bon état et un réseau de distribution fiable, l'administration a eu recours à l'approvisionnement en citernes de 12 000 litres. Selon des praticiens exerçant dans cette vieille infrastructure de santé, «l'absence d'une disponibilité régulière de l'eau potable a pénalisé lourdement notre activité tel qu'on annule souvent des interventions sur des malades graves notamment les séances de dialyse et la chirurgie en cardiologie. L'absence d'eau implique le manque d'hygiène et surtout le risque élevé d'infections». En effet, ce constat est confirmé par le témoignage de Riad Lalaymia, un proche d'une malade en attente d'une intervention au niveau du service cardiologie. «Après une longue attente, ma cousine s'est vue ajourner son rendez vous pour absence d'eau potable. Je dispose de tout le dossier qui confirme cette aberration» affirme-t-il, d'un ton coléreux, à El Watan. Qui assume alors cette responsabilité ? Contacté, le Dr Nabil Bensaid, le directeur général du CHU Annaba, confirme le constat. Selon lui, «l'hôpital Ibn Sina dispose d'une bâche à eau dont la capacité est de 500 m3. Bien qu'elle soit sujette à des petites fuites, elle demeure dans un état acceptable. Cependant, avec un débit faible, un approvisionnement de 2h/24h, il est quasiment impossible que les différents services de notre hôpital soient approvisionnés quotidiennement selon leur besoin en eau». A la question comment envisager la solution à ce grave problème, le même responsable répond: «Ce faible débit s'explique par la proximité de l'hôpital Ibn Sina à l'hôtel Sheraton qui dont les pompes hydrauliques absorbent la majorité de notre provision. Pour l'instant nous avons convenu à l'installation de plusieurs citernes de 12 000 litres en attendant de régler le problème du débit et des fuites de la bâche à eau». Ce qui n'est pas de l'avis de l'Algérienne des eaux (ADE) Annaba. De son coté, cette dernière met tout le tort sur le dos de la direction générale du CHU de Annaba. Selon l'ADE Annaba : «Une bâche à eau fissurée un peu partout ne peut pas conserver l'eau qu'elle reçoit. D'ailleurs, d'aucun ont constaté que les rues de cet hôpital sont devenues le lit des eaux issues des fuites de la bâche à eau. Au lieu de réparer cette dernière ou construire une autre, on critique l'ADE. En attendant, la direction générale du CHU Annaba peut acquérir des citernes de grandes capacités (3000 litres) et c'est à l'ADE de les alimenter quotidiennement». Au déficit en femmes de ménage, il faut ajouter que les toilettes de tous les services dégagent des odeurs pestilentielles car les chasses d'eau sont sèches, encore plus les robinets. Situation similaire au niveau des cuisines où on consomme de l'eau au compte gouttes. Quant aux malades, notamment ceux souffrant de pathologies graves tels les insuffisants rénaux, ils ne savent plus à quelle porte frapper pour faire part de leur souffrance. Le manque d'eau à l'hôpital Ibn Sina n'est le seul problème du CHU Annaba. A l'hôpital Ibn Rochd, les malades grelottent en hiver car le chauffage central ne fonctionne pas depuis au moins deux années. Les ascenseurs sont souvent en panne empêchant la programmation des interventions sur des malades issus du service des urgences. «Les interventions chirurgicales sur des malades admis en service des urgences dépendent de la disponibilité des ascenseurs. En effet, on ne peut pas transporter un malade polytraumatisé sur un charriot en montant les escaliers» déplorent des urgentistes de ce service. Ce désastre est-il réparable ? A suivre.