Les protestataires sont à leur huitième sit-in devant l'hôpital pour demander le départ du directeur qu'ils accusent de «mauvaise» gestion. Le bras de fer entre le CCA (Collectif des citoyens d'Akbou), élargi à la vallée de la Soummam, et la direction de l'EPH d'Akbou depuis le mois d'août passé n'est pas prêt de cesser. D'un côté, le CCA continue d'exiger le départ immédiat et sans conditions du directeur, alors que de l'autre, la direction affirme que l'établissement fonctionne normalement et que ceux qui font tout ce bruit ont d'autres visées. Selon Zahir Benkhelat et Bouchiche Djamel, deux des animateurs du collectif, la «piètre» gestion et «l'opacité» qui entoure cette dernière sont la source de la dégradation du service au niveau de cet hôpital. Après sept sit-in (le huitième est prévu pour hier, samedi), la fermeture du bureau du directeur de l'EPH en plus du siège de l'APC, la situation reste au point mort. La visite d'une commission de l'APW le jeudi dernier peut être considérée comme un pas vers le règlement du litige. «L'APW a promis une enveloppe de vingt milliards de centimes et l'envoi d'une commission d'enquête composée d'experts comptables. Mais cela reste juste une promesse», nous a déclaré Zahir Benkhellat. La genèse du conflit remonte au 7 août quand l'EPH a été la proie d'une série de coupures électriques durant 48 heures suite à une panne de courant. Depuis, les sit-in s'étaient multipliés pour dénoncer l'état de délabrement avancé dont souffre cet établissement. Manque d'eau, déficit en ambulances, une nourriture jugée «infecte» pour les malades hospitalisés et surtout un «manque d'hygiène criant». Concernant ce dernier volet, le CCA parle de l'inexistence d'un incinérateur et d'une collecte irrégulière des déchets ménagers et fait état d'une décharge à 10 mètres du service de l'hémodialyse, aussi «l'entreprise de nettoyage engagée par l'établissement n'emploie que deux femmes de ménage». «Comment seulement deux agents de nettoyage peuvent maintenir propre toute l'enceinte de l'hôpital ? Parfois, écœurés par l'insalubrité, ce sont des gardes-malades qui s'acquittent de cette tâche» ont accusé nos deux interlocuteurs. Commission d'enquête La fermeture de plusieurs ailes de l'hôpital sous prétexte de travaux a réduit la capacité d'accueil de l'hôpital qui est théoriquement de 180 lits. Aussi, le scanner, resté non fonctionnel depuis 2012, est tombé en rade, car non entretenu. «Même la clé de la pièce où se trouve le scanner est introuvable depuis longtemps. Ni l'ex-wali Hattab, ni le P/APW actuel n'ont pu y accéder pour s'enquérir de l'état du scanner», ont-ils asséné. Les animateurs accusent, entre autres, l'administration de dilapider des deniers publics concernant la location de sept logements de fonction à l'extérieur de l'enceinte de l'hôpital qui dispose de 22 logements. D'après les protestataires, la rénovation du service des urgences sur le budget de wilaya ne peut pas coûter la bagatelle de 18 milliards de centimes. «C'est l'ex-DSP qui a ramené un entrepreneur de son choix et nous exigeons une commission d'enquête pour tirer au clair cette affaire», réclament-ils. Même les aides des acteurs économiques de la région n'arrivent pas à faire sortir cet établissement du gouffre. «Les industriels de la région n'arrêtent pas de proposer des aides, mais ils sont systématiquement bloqués par des procédures bureaucratiques interminables», affirment nos interlocuteurs. Enfin, les deux animateurs regrettent l'inertie des responsables du secteur et des élus. «Seule la députée Zina Ikhlef s'est préoccupée de la situation. Même le travail accompli pendant deux jours par la commission ministérielle qui s'était déplacée sur les lieux le 20 août demeure sans suite. L'APC actuelle ne joue pas son rôle dans la surveillance du fonctionnement de l'établissement d'autant que ce fut le cheval de bataille durant la campagne électorale des différentes listes. À l'époque, on le surnommait le mouroir d'Akbou et maintenant c'est le silence total !» déplorent-ils. S'agissant du refus du CCA de se déplacer pour dialoguer avec la wilaya, nos deux interlocuteurs ont déclaré que «c'est un dossier qui ne peut pas être expédié durant une réunion surtout avec l'arrivée d'un nouveau DSP qui ignore tout de la situation». «En plus, nous souhaitons que les responsables se déplacent eux mêmes sur le terrain pour débattre avec les différents acteurs. Nous ne pouvons pas décider à la place des citoyens, car nous sommes juste des représentants. C'est un acte humanitaire que nous accomplissons sans aucune autre prétention» conclut nos deux interlocuteurs.